QU'EST CE QU'UNE CARTE
POSTALE
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- La carte postale est d'abord un moyen de communication.
Illustrée, elle est devenue porteuse d'un double message. Elle s'est dès lors
affirmée comme moyen d'expression authentique et indépendant d'un art populaire.
- Une carte
postale est un bristol rectangulaire de format variable destiné à la
correspondance postale à découvert. La carte postale bénéficie, en principe,
d'un tarif réduit, ce qui a fait à l'origine sa raison d'être.
- La carte
postale est d'édition officielle ou privée, cette dernière l'emportant largement
sur la première. Pour cette raison il n'existe pas de recensement complet des
cartes postales. La Bibliothèque nationale, où s'effectue (théoriquement) depuis
1880 le dépôt légal des cartes postales, ne possède que le vingtième environ des
cartes anciennes éditées en France.
- Le format de la carte postale est variable.
Il à fait l'objet, dans le passé, d'un certain nombre de codifications fixant
ses dimensions minimales et maximales. C'est dans le format 9 X 14 que l'on
trouve la plupart des cartes anciennes. Le format des cartes actuelles est plus
important. Il existe
des cartes revêtant les formes les plus fantaisistes :
cartes disques, cartes à
système, cartes puzzles,
cartes en losange,
cartes transparentes, cartes en
trapèze, cartes en forme de feuilles d'arbre, carte en forme de chaussure, etc.
Mais ce ne sont évidemment pas les plus courantes.
- La carte postale ordinaire (ancienne) est constituée d'un
carton rigide de trois épaisseurs pesant entre 3 et 5 grammes. Toutefois, les
matériaux les plus divers (cuir, liège, aluminium, bois, soie, plume, cheveux,
etc.) ont été employés.
La formule " carte postale " doit en principe figurer au dos de
chaque carte, mais cette inscription est absente des cartes les moins anciennes
et tend à disparaître.
- La carte
postale illustrée comprend, comme son nom l'indique, une illustration de plus ou
moins grande importance. Dans les cartes les plus anciennes, celle-ci est
réduite à sa plus simple expression : frise ornementale, cadre, signe,
symbole
(une croix rouge par exemple).
-
Dans la
carte ancienne on appelle recto le côté destiné à recevoir l'adresse du
destinataire, le verso étant réservé à l'image et, éventuellement, à la
correspondance. C'est au recto également que figure la formule " carte postale
"
- Jusqu'en
1903, le recto de la carte postale n'était pas divisé en deux parties. Trois ou
quatre lignes horizontales sur toute la largeur de la carte permettaient
d'inscrire la seule adresse du destinataire.
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Pour le
collectionneur, la carte postale idéale est celle qui, ayant circulé, est
demeurée en excellent état de conservation, l'illustration (dessin ou
photographie) étant vierge de toute trace d'écriture, tache ou maculation. Ces
conditions étant difficiles à réaliser, la préférence de l'amateur (surtout dans
le domaine de la carte d'illustrateur) se porte sur la carte absolument intacte,
pure de toute correspondance. Indiquons que, pour redonner à certaines cartes anciennes leur virginité perdue, le nettoyage des taches et aussi de
la correspondance tend à se répandre.
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LA
NAISSANCE D'UNE CARTE POSTALE
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Celle-ci n'apparut véritablement que vers le milieu du XIXe siècle. Elle fit
partie intégrante du progrès industriel et du développement des communications.
C'est à bon droit que les collectionneurs s'intéressent à ses origines et à son
histoire. Cette dernière fait encore l'objet de controverses et même de
polémiques, qui ne sont pas que de pure forme puisqu'il s'agit d'apprécier selon
leur ancienneté et leur authenticité, c'est-à-dire à leur juste valeur
historique et vénale, certaines pièces de collection.
On connaît bien à présent les différentes étapes de l'histoire de la carte
postale. Si l'Angleterre fut le berceau du timbre-poste (en 1837), l'Autriche
fut celui de la carte postale.
La carte postale est née à Vienne le 1er octobre 1869, de l'invention
d'Emmanuel Hermann, professeur d'économie politique à l'Académie militaire de Vienne-Neustadt. Le 28 janvier 1869 était paru sous sa signature dans le journal
du soir Neue Frei Press un article documenté dans lequel Hermann
reprenait une idée que le conseiller Heinrich Stephan, haut fonctionnaire
prussien des services postaux, avait défendue en 1865 devant la Conférence
postale germano-autrichienne de Karlsruhe. Il s'agissait d'introduire un système
de correspondance ouverte, pratique et économique. Heinrich Stephan n'avait pas
réussi à convaincre ses interlocuteurs, ceux-ci craignant de voir réduire les
recettes de leur administration. L'Allemagne de Bismarck et de Guillaume Ier ne
semble pas avoir eu alors comme souci majeur d'affirmer sa suprématie dans le
domaine de la communication postale.
Les transports militaires par voies ferrées 1'intéressaient
bien davantage. Nous sommes à la veille de la guerre austro prussienne. La paix
revenue, Emmanuel Herniann reprit les arguments de son collègue allemand. Il
vanta adroitement les mérites du système et souligna les avantages financiers
que la poste autrichienne pourrait tirer de la postkarte. Il fit
valoir que ce mode de correspondance était assuré à l'avance des faveurs du
public. Le directeur des postes lui fit confiance, et en quelques mois, 1 400 000
correspondenz karten étaient vendues. Au bout d'un an on approcha des dix
millions.
Le format de cette première carte postale était de 12 X 8,5,
dimensions plus réduites que celles du format officiel maximal de 14 X 9
qu'adopta plus tard l'Union postale universelle. Cette carte postale se
présentait en impression noire sur un carton crème. Au recto, l'inscription "
Correspondenz karte " était imprimée en arc de cercle dans la partie
supérieure du rectangle avec, au-dessous, les armoiries impériales autrichiennes
ou hongroises (le 1er novembre Budapest suivit l'exemple de Vienne). Un timbre
de 2 kreuzer à l'effigie de François-Joseph était imprimé dans le coin supérieur
droit de la carte. Trois lignes horizontales étaient réservées à l'adresse du
destinataire. Au verso figurait la mention suivant laquelle la direction des
Postes déclinait toute responsabilité quant à la teneur de la correspondance.
Cette carte étant rédigée en langue allemande, les
ressortissants non germaniques de l’Empire protestèrent, et l'on fit droit à
leur requête sept cartes bilingues virent le jour.
L'exemple autrichien ne devait pas tarder à stimuler la Confédération de
l'Allemagne du Nord. Le 1er juillet 1870, la veille du déclenchement de la
guerre franco-allemande, Bismarck signait le décret autorisant l'impression et
la diffusion des correspondenz karten allemandes, dont 45000
furent vendues à Berlin dès le premier jour d'émission.
Antérieurement à ce foudroyant démarrage officiel de la carte
postale, il convient de créditer le graveur suisse Fenner
Matter de cartes
tirées en 1855, à Bâle, d'après des gravures sur bois. Un peu plus tard, le
lithographe allemand Miesler tira et répandit des vues de Berlin.
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L'EUROPEANISATION DE LA CARTE
POSTALE
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Rapidement, plusieurs pays européens emboîtèrent le pas à
l'Autriche et à l'Allemagne : tout d'abord, le royaume de
Bavière et de Wurteinberg, le grand-duché de Bade, puis le
Luxembourg (1er septembre 1870) et
l'Angleterre (1er octobre 1870). Malgré les réticences de la gentry, qui,
à l'instar de la noblesse française du XVIIIe siècle, vit d'un mauvais œil cette
correspondance ouverte laissée à l'indiscrétion des domestiques, le gouvernement
apprécia les fabuleuses rentrées d'argent que procuraient au budget britannique
en difficulté ces petits bouts de carton. Il se vendait deux millions de cartes
postales par semaine.
La Suisse, les Pays-Bas, la Belgique rejoignirent bientôt les
utilisateurs de cartes postales (1er janvier 1871), Bruxelles se distinguant par
une carte illustrée dessinée par le docteur Hendrickx
et tirée à près de trois
millions d'exemplaires, suivirent le Danemark (1er avril 1871)
puis en 1872 la
Russie et les pays scandinaves (Finlande, Suède, Norvège)
ainsi que le Canada. Aux
Etats-Unis la carte postale naquit officiellement en
1873
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LA CARTE POSTALE EN FRANCE
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La carte postale apparut en France en 1870 dans Strasbourg
assiégée par l'armée allemande. Une carte portant l'estampille de la Croix-Rouge
fut mise en circulation par la Société de secours aux blessés afin de permettre
à la population civile de communiquer succinctement avec l'extérieur. Le général
allemand Weider donna son accord pour que cette carte puisse sortir de la ville,
accord dont les Strasbourgeois furent informés par voie d'affiches imprimées en
allemand et en français et signées Rosshiert, administrateur de la poste
allemande en territoire occupé. Il s'agissait d'une carte discrètement illustrée
d'une croix rouge. Elle n'était pas affranchie. On l'achemina non seulement vers
la France mais aussi vers la Suisse. Le siège de Strasbourg dura du 13 août au
23 septembre 1870. Il apparaît que d'autres cartes du même type - une vingtaine
environ - furent éditées par les soins de divers comités de secours aux blessés
notamment à Nantes, Mulhouse, Haguenau, Bischewiller, Besançon, Chambéry, Lyon.
A Nancy, passée sous tutelle de l'administration allemande, la population fut
informée le 29 septembre 1870 qu'elle pouvait utiliser une carte de
correspondance. Celle-ci fut mise à la disposition du public au
prix de 1
centime, et en quantité limitée (cinq cartes par personne). Elle était vendue
dans toutes les recettes et par les facteurs et pouvait être acheminée vers les Etats de la Confédération de l'Allemagne du Nord, la Bavière, le Wurtemberg, le
Bade, le Luxembourg ainsi que vers n'importe quel point des territoires français
occupés par l'armée allemande. La correspondance pouvait être écrite à l'encre
ou au crayon et l'expéditeur n'était pas tenu de se nommer. |
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LES PREMIERES CARTES
POSTALES OFFICIELLES EN FRANCE  |
L'utilisation de la carte postale officielle n'intervint
en
France que le 15 janvier 1873. Elle résulta de la proposition du député de
l'Yonne Germain Rampont-Lechin, directeur général des Postes. Le 19 décembre
1872, à l'Assemblée nationale, Rampont
s'était résolument rangé aux côtés de son
collègue Louis Wollowski, économiste réputé, opiniâtre défenseur de la carte
postale comme moyen de correspondance. Il emporta la conviction des
parlementaires enclins à penser que la carte postale bon marché allait
concurrencer le courrier sous enveloppe et entraîner une baisse des recettes des
P.T.T. Médecin de formation, Rampont fut, pendant le siège de Paris,
l'organisateur du service des aérostats et des pigeons voyageurs. Il tenta
également de communiquer avec la province en faisant immerger un câble dans la
Seine.
Le 15 janvier 1873, deux types de cartes postales furent mis
en vente dans les bureaux de poste. L'une, de couleur
jaune, affranchie à 10
centimes, était destinée à circuler à découvert en France et en Algérie, dans
l'intérieur d'une même ville ou dans la circonscription d'un même bureau.
L'autre, affranchie à 15 centimes, pouvait circuler de bureau à bureau.
La seule illustration (si l'on peut dire) de cette carte
postale officielle est une frise de 4 mm d'épaisseur encadrant la partie
réservée à l'adresse du destinataire et portant le timbre d'affranchissement et
les indications administratives. Le public fit à cette première carte un accueil
favorable. Sept millions d'exemplaires s'enlevèrent en une semaine.
Quatre autres types de cartes postales officielles
virent le jour au cours de l'année
1873, deux autres en 1874, puis deux encore en
1875.
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LES PREMIERES CARTES
POSTALES PUBLICITAIRES  |
Jusqu'en 1875, la carte postale est restée un monopole de
l'Administration des postes, ce qui ne signifie pas que des commerçants et des
industriels n'en aient pas fait usage, à titre publicitaire, avant cette date.
Dès 1873, les magasins de la Belle Jardinière firent reproduire au recto des
cartes officielles de petites illustrations représentant leurs immeubles de la
rue du Pont-Neuf, à Paris.
Un décret paru au Journal
officiel du 26 octobre
1875 codifia l'utilisation des cartes postales. L'industrie privée pouvait en
faire usage à condition de respecter le modèle administratif. Celui-ci,
reproduit dans le Journal officiel
du même jour, stipulait que la carte postale devait
avoir le format 12 x
8 cm et peser
entre 2 et 5 grammes. En dehors des mentions administratives figurant sur le
modèle, le recto de la carte ne devait contenir que l'adresse du destinataire.
Au verso, dans la partie réservée à la correspondance, la carte pouvait
recevoir, comme l'indiquait le règlement, " toutes mentions ou inscriptions
quelconques faites à la main, par voie de l'impression, de la gravure, de la
lithogravure, de l'autographie ou par quelque procédé que ce soit". Il n'était
plus question d'imposer la couleur blanche ou jaune du carton choisie par
l'administration en fonction des tarifs.
En 1876 apparurent les cartes postales de l'école
sténographique Duployé, puis la publicité Francia, entreprise spécialisée dans
la fabrication des bustes officiels de la République (1877). A la même époque,
la carte postale connut aux Etats-Unis un essor similaire. Des cartes illustrées
furent imprimées et diffusées à l'occasion des expositions de Chicago (1873) et
de Cincinnati (1874).
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REGLEMENTATION,
TARIFS ET FORMATS

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Le développement de la carte postale dans les pays
industrialisés aboutit en 1874, par le traité de Berne, à la création de l'Union
générale des postes, la future Union postale universelle. A partir du 1"'
janvier 1876, les Français eurent le droit d'expédier leurs cartes postales dans
les pays faisant partie de l'Union. Par la suite, ils se virent gratifiés d'un
tarif unique à 10 centimes pour la France et l'Algérie, quel que soit le bureau
destinataire (loi du 6 avril 1878, applicable le 1- mai 1878). Ce tarif resta en
vigueur jusqu'en 1917, soit près de quarante ans, un record de stabilité des
prix! En se limitant à cinq mots (de caractère familial), l'expéditeur
bénéficiait d'un tarif de faveur réduit à 5 centimes.
Durant l'été 1878, l'Union postale universelle prit pour base
le tarif de 10 centimes pour unifier le prix de l'affranchissement des cartes
postales dans tous les pays de la première zone, un tarif de 0,15 F étant
applicable dans la seconde zone. Ce double tarif resta en vigueur jusqu'en 1881,
date à laquelle un seul tarif prévalut, unifié à 10 centimes pour tous les pays
membres de l'Union postale universelle, celle-ci s'étant élargie à de nouveaux
membres. Sous sa férule la carte postale fut autorisée à augmenter son format
maximal jusqu'à 14 cm X 9 cm. A partir de ce moment, c'est dans ce format que
fut fabriquée la majorité des cartes postales, les plus petites ne devant pas
mesurer moins de 12 cm X 8 cm.
En 1888, le format minimal autorisé passa à
9 cm X 6 cm et le
poids minimal de 2 à 1,5 gramme. La carte postale était alors l'objet de mille
attentions administratives comme en témoigne le nombre étonnant de décrets dont
elle fut gratifiée.
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LA CARTE POSTALE ET LE SECRET DE LA CORRESPONDANCE
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La carte postale avait vaincu toutes les réticences. On ne
craignait plus une baisse des recettes; an contraire, la preuve était faite
qu'elle ne portait pas concurrence à la correspondance fermée. Toutefois,
d'autres problèmes avaient surgi : la carte postale circulait sans voile, la
correspondance qu'elle portait pouvait être lue par n'importe qui, à commencer
par ceux qui avaient la charge de la transmettre au destinataire. Comme il
n'était pas possible de bander les yeux des facteurs ni de faire effectuer ce
travail par des aveugles, l'administration rappela à ses agents l'obligation de
discrétion à laquelle ils étaient tenus (le serment de "
discrétion " prêté par
les agents remonte à 1790). Mais cette discrétion due à la correspondance fermée
s'appliquait-elle à la carte postale? On eut rapidement l'occasion d'en
débattre, puisque le 6 février 1873, soit six semaines après l'officialisation
de la carte postale en France, une postière normande se permit de lire à haute
voix, en présence de ses collègues, une carte postale adressée par un curé à
l'une de ses paroissiennes. La guichetière poussa même l'indiscrétion jusqu'à
recopier le texte de la carte qui, probablement, ne manquait pas de saveur.
Certains témoins n'apprécièrent pas la plaisanterie et portèrent plainte. Il y
eut un procès. Un premier jugement du tribunal correctionnel de Caen, rendu le 6
mai 1874, relaxa la jeune postière, les juges estimant qu'il n'y avait pas en
violation du secret puisque secret il n'y avait pas. Mais l'affaire n'en resta
pas là. Les plaignants firent appel, et le 21 novembre de la même année la
postière fut condamnée.
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LES "BONNES MŒURS
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Il est un autre domaine dans lequel la carte postale eut à
défendre sa réputation : celui des bonnes mœurs. Il était évident que la carte
postale se ferait le véhicule de toutes sortes de messages et qu'à côté
d'audaces artistiques parfaitement honorables (les hardiesses plus discutables) -
tout au moins aux yeux de certains s'y manifesteraient. Ainsi, la diffamation
trouva-elle un élément de choix dans la carte postale, qui, voyageant à ciel
ouvert, pouvait être vue et lue par tout le monde. Thémis intervint et sévit. Un
décret du 11 juin 1887 reprit les dispositions de la loi de 1881 sur la
presse et l'affichage en interdisant que la carte postale allât à l'encontre des
bonnes mœurs et des institutions; on poursuivit l'injure et la " pornographie ".
En 1904, le sénateur Bérenger, qui veillait an respect de la
morale, fit prendre un décret proscrivant toute pilosité sur les reproductions
anatomiques figurant sur les cartes postales. Le collectionneur s'apercevra vite
qu'elle ne fut pas toujours appliquée.
Le fougueux sénateur, qui compta parmi ses victimes plusieurs
illustrateurs dont Poulbot, avait fondé la Société générale contre la licence
(les rues). Les éditeurs de cartes postales n'avaient qu'à bien se tenir. En juin
1910, quatorze d'entre eux eurent à répondre en justice d'outrages aux bonnes
mœurs. Mais aucun ne fut jamais poursuivi pour outrage au bon goût.
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Les procédés de fabrication
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La connaissance, même sommaire, des différentes
techniques de fabrication qui ont, peu ou prou, servi à l'impression des
cartes postales est une nécessité. Elle permet de différencier les cartes,
de mieux les apprécier, et elle est utile pour déterminer les faux. |
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Le bromure

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Le procédé au bromure a été utilisé pour les cartes postales photographiques.
Beaucoup de ces cartes ont eu à une certaine époque un caractère familial. La
technique du bromure était purement photographique. Le cliché original était
enchâssé dans une sorte de chambre noire. La lumière, pénétrant par la
transparence du négatif, formait une image positive au centre de la chambre. A
ce point précis se déroulait une bande de papier sensible mue par un petit
treuil à manivelle. On actionnait un déclencheur, et le papier était
impressionné par l'image reproduite au centre de la chambre noire. Continuant
son chemin, le rouleau de papier, impressionné autant de fois qu'avait
fonctionné le déclencheur, passait ensuite dans une cuve de développement puis
au fixage et au lavage. Chaque épreuve obtenue était une sorte de carte photo,
souvent de bonne qualité. Ces tirages pouvaient ensuite être rehaussés par un
léger coloris à l'aquarelle. |
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Le grain de résine
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Cette technique a précédé l'emploi de la trame typographique.
Comme elle, elle permet l'illusion du demi-ton par l'existence de points
multiples (voir " La trame ").
On dessinait sur des plaques de zinc typographiques des réserves à la gomme
arabique. On séchait la gomme puis on déposait sur cette plaque une fine
poussière de résine. Le matériel utilisé était une sorte de "
boite à résine ",
armoire au fond de laquelle se trouvait la réserve de résine en poudre. On
agitait la résine puis on posait la plaque, face vers le haut, sur de petits
tréteaux. L'armoire refermée, on attendait que les poussières de résine se
déposent sur la plaque. Selon la durée on obtenait une nuance plus ou moins
forte. La plaque retirée, on glaçait la résine par chauffage léger pour que
chaque poussière se colle au métal tout en gardant sa finesse. On répétait
autant de fois qu'il le fallait cette opération en pratiquant de nouvelles
réserves, ce qui permettait d'obtenir des nuances allant des tons très clairs
aux tous les plus foncés, jusqu'à l'aplat.
Ce procédé permettait la couleur en faisant autant de plaques
qu'on le désirait, la superposition des tons étant obtenue par le mélange
trichrome. Ce travail très fin exigeait une grande habileté et un coup d'œil de
maître car on recréait un document sans sélection optique. Un dérivé de ce
procédé, appelé ben-day, a remplacé la retombée de résine par des
décalques de trames successifs.
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La gravure sur bois
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De très belles cartes artistiques ont été obtenues par ce
moyen. C'est le plus ancien procédé d'impression en relief. Il a été pratiqué en
Orient dès l'invention du papier. Le dessin original est fait directement (à
l'envers) sur une planchette de bois parfaitement plane (du buis de préférence)
et gravé ensuite de façon à faire apparaître des reliefs alternant avec des
creux nommés tailles. Seuls les traits du dessin reçoivent l'encre d'imprimerie.
Deux variantes sont à distinguer dans cette technique. La plus ancienne est
la taille d'épargne xylographique. Les bois sont entaillés au canif dans le sens
des fibres pour ne laisser subsister que le dessin en relief qui se trouve ainsi
épargné. Dans la méthode moderne qui vit le jour en Angleterre au XIXe siècle,
le travail se fait au burin sur bois debout. Les fibres du bois sont
perpendiculaires à la surface, et le graveur n'a plus à tenir compte de la
direction des fibres. Il dispose de plus de liberté. Le dessin à reproduire peut
être fait sur un calque, lequel, dans un second temps, est reporté sur la
planche.
Le tirage est obtenu par pression directe de la feuille de
papier (humidifiée) sur le bois imprégné d'encre. Cependant, beaucoup de
gravures sur bois n'ont pas été effectuées par tirage direct sur le bois gravé.
La gravure terminée, on prenait une empreinte du bois à la cire ou à la
gutta-percha. Ce négatif était porté à la galvanoplastie et le cliché
ainsi obtenu monté sur une planchette de chêne équarrie à la même hauteur que
les caractères d'imprimerie puis fixé sur la presse. Pour les reproductions
polychromes, il faut autant de planches gravées qu’il y a de couleurs.
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L'héliogravure

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L'origine de l'héliogravure est la gravure en
taille-douce. De nombreux timbre-poste sont imprimés par ce procédé que
n'a pas dédaigné la carte postale.
L'héliogravure est fondée sur l'impression en creux. De
l'encre remplit les creux de la surface imprimante. Ces petits lacs, plus ou
moins profonds suivant l'intensité du noir à obtenir, déposent leur encre par
pression sur le papier. Le processus de fabrication est le même qu'il s'agisse
d'un document au trait ou d'un simili. De ce dernier on exécute un négatif photo
duquel on tire un positif transparent (diapositive). Par ailleurs, on insole
sous une trame spéciale et pendant un temps déterminé un papier enduit de
gélatine bichromatée (papier charbon). La gélatine est donc rendue insoluble
jusqu'à une certaine profondeur aux emplacements correspondant aux lignes de la
trame. Le papier charbon ainsi préparé est insolé à travers la diapositive. Dans
chaque petit carré de la trame la gélatine est rendue insoluble jusqu'à une
profondeur qui est fonction de l'intensité de la lumière filtrée par chaque
point de la diapositive correspondant à un carré de trame. Le papier charbon,
retourné, est appliqué sur le cylindre à graver. Du perchlorure de fer,
diffusant plus ou moins rapidement à travers la gélatine selon l'épaisseur de
celle-ci, creuse le cuivre en alvéoles de profondeur variable. Cette opération
dure une quinzaine de minutes. Nettoyé, le cylindre présente à sa surface
d'innombrables creux microscopiques dont la profondeur varie avec l'intensité du
ton dans la zone de l'image qu'ils reproduisent. Le cylindre gravé est encré.
Une racle enlève l'encre déposée à la surface ne laissant subsister que celle
qui remplit les creux. Ceux-ci déposent l'encre qu'ils contiennent sur la
feuille à imprimer.
L'héliogravure, procédé de fabrication de haute qualité,
n'est valable que pour les tirages importants. Elle requiert un papier spécial.
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La lithographie
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Découverte par le Tchécoslovaque Fenefelder en 1834, la
lithographie a connu un essor particulièrement brillant dans la seconde moitié
du XIXe, siècle, grâce notamment aux créations de Daumier et de
Toulouse-Lautrec.
Le dessin peut être exécuté de trois façons soit directement à l'envers sur
la pierre calcaire lithographique, soit sur un papier report, procédé plus
souple supprimant l'inversion de la composition, ou encore sur des plaques de
zinc (zincographie). La pierre lithographique doit obligatoirement subir une
préparation. On fixe sur celle-ci une pellicule insoluble (mélange de gomme
arabique, d'eau et d'acide nitrique) qui la protège contre tout corps gras de
manière que les parties qui doivent rester blanches n'acceptent pas l'encre
d'impression. De plus, cette pellicule préserve la pierre de l'action de l'air
et retient l'eau du mouillage.
Le dessin s'effectue à l'aide d'un crayon gras (savon + suif
+ cire + résine + noir de fumée) on à l'encre grasse (idem + eau), à la plume,
au tire-ligne, au pinceau, au crachis. Ce dernier procédé a été utilisé par
Toulouse-Lautrec pour les fonds de certaines affiches. En grattant une brosse
imprégnée d'encre sur une grille métallique on obtient par pulvérisation une
surface composée de petits points d'encre plus ou moins dense selon la quantité
de matière projetée. Les parties devant rester intactes lors du tirage sont
protégées par une couche de gomme arabique.
Avant le tirage de la lithographie on procède au nettoyage de
la pierre à l'essence de térébenthine puis au mouillage. L'eau, déposée par un
rouleau mouilleur, est retenue dans les blancs du dessin par les sels
hydrophiles. Le phénomène inverse se produit lorsqu'on passe le rouleau encreur.
Cette opération s'effectue à la main.
Il existe deux sortes de presse lithographique un modèle français en bois et
un modèle allemand en fonte. La feuille de papier est déposée sur la pierre,
laquelle se trouve placée sur un chariot coulissant sous un râteau garni de
cuir. Une pression très forte est obtenue par un jeu de leviers mus par une
longue pédale sur laquelle monte le lithographe. Le chariot est entraîné par un
moulinet ressemblant à la barre d'un navire.
Le papier employé en lithographie exige une
préparation spéciale. Chaque épreuve nécessite de cinq à dix minutes de travail.
Les cartes postales lithographiques étaient tirées par planches puis
" massicotées
", c'est-à-dire
séparées les unes des autres par une sorte de guillotine. La lithographie en
couleur, ou chromolithographie, demande autant de pierres lithographiques qu'il
y a de teintes ou de nuances à obtenir. Leur nombre peut aller de cinq à huit et
même au-delà. Une lithographie originale ne peut être considérée comme telle que
si elle a été entièrement effectuée à la main par l'artiste lui-même et imprimée
sur une presse à bras. Il existe des estampes dites originales qui, en réalité,
ont été exécutées par des moyens photomécaniques, éventuellement retouchées et
travaillées à la main. La carte postale artistique doit à la lithographie maints
documents de qualité.
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L'offset
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Dérivé de la lithographie, le procédé offset est aujourd'hui le plus utilisé
pour l'impression des cartes postales. L'offset a pour base la différence de
nature entre les substances composant la surface imprimante qui retiennent ou ne
retiennent pas l'encre. Pour être plus précis disons que l'offset, comme la
lithographie, a pour principe la répulsion des corps gras pour l'eau.
L'offset n'utilise pas la pierre comme support imprimant mais des feuilles de
métal. Par ailleurs, l'impression ne se fait pas par contact direct mais par un
décalque intermédiaire sur un rouleau de caoutchouc appelé "blanchet". C'est ce
système de décalque, de report, qui lui a donné son nom.
L'opération offset se décompose de la façon suivante : on
établit en premier lieu un film négatif (tramé ou non, selon qu'il s'agit d'un
dessin au trait ou d'un cliché simili du document à reproduire). De ce film
négatif on tire un film transparent (typon) qui permet d'insoler le colloïde
bichromaté recouvrant la plaque à graver. Sur les plaques - soit monométalliques (zinc ou aluminium), soit
poly métalliques (support ou semelle
zinc et acier) - est déposé par électrolyse du cuivre ou du chrome. La semelle
peut être également de laiton avec une couche de chrome. Dans tous les cas le
phénomène lithographique est le même : opposition naturelle du chrome humide
pour le gras de l'encre; opposition naturelle du cuivre pour l'eau, donc
attirance pour l'encre.
Par développement à l'eau on élimine le colloïde non insolé, puis, à l'acide
chlorhydrique on attaque le chrome là où ce dernier n'est plus protégé par la
couche de colloïde. Le cuivre est laissé intact. La plaque présente alors des
surfaces (correspondant aux noirs) où, en présence d'eau, le cuivre mis à nu
retient l'encre et d'autres où le chrome, intact, la repousse. La plaque gravée
et montée sur cylindre ne dépose pas directement sur la surface à imprimer
~l'encre retenue par le cuivre. L'encre est d'abord déposée sur un cylindre
garni (le caoutchouc, le blanchet, qui va décalquer sur le papier les figures à
reproduire).
L'offset offre de nombreuses combinaisons. Le procédé
poly métallique, par exemple, permet des tirages très importants allant jusqu'au
million d'exemplaires. Les possibilités dans le domaine de la couleur sont
également très grandes. Les avantages de l'offset résident dans la possibilité,
grâce à la souplesse du blanchet, d'imprimer sur tous les supports (lisse ou
grenu), dans la légèreté des plaques imprimantes, la rapidité de leur confection
et leur coût réduit.
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La photogravure : voir Typographie

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La phototypie

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La majorité des cartes postales anciennes ont été imprimées
par ce procédé découvert au XIXe siècle. On peut dire que c'est la phototypie
qui a permis le développement impétueux de la carte postale. Elle découlait
directement des procédés de Niepce et
Daguerre.
La phototypie se situe à la frontière de la lithographie,
procédé de surface et de l'héliogravure, procédé de creux. Son principe repose
sur la propriété de la gélatine bichromatée de ne prendre l'encre que dans les
parties qui ont vu le jour à travers le négatif photographique dont on veut
reproduire l'image. Sur une dalle de verre est étendue une couche de gélatine
bichromatée qui est insolée à travers le négatif photographique, On procède
ensuite au mouillage de la gélatine qui se met à gonfler en raison inverse de la
quantité de lumière reçue. Les parties protégées par les noirs du négatif,
gonflées d'eau, prennent un relief maximal. Au contraire, les parties
directement frappées derrière les blancs du négatif repoussent l'humidité et
restent au niveau le plus bas. Entre les deux niveaux on obtient le demi-relief
des parties qui n'ont été que partiellement touchées par la lumière qui a
traversé les demi-teintes de la plaque photographique. Ces différences de relief
commandent l'encrage, l'encre prenant fortement sur les parties sèches,
légèrement sur les demi-reliefs humides et pas du tout sur les reliefs gonflés
d'eau.
La phototypie, procédé simple, était soumise à plusieurs
facteurs, la gélatine étant sensible à l'hygrométrie et à la température de
l'air ambiant. Le meilleur résultat s'obtenait avec un négatif au format de la
carte à imprimer plutôt qu'avec une épreuve, car l'on pouvait ainsi copier le
négatif par contact direct sans passer par aucun contre-type ni aucune réduction
ou agrandissement.
Le tirage s'effectuait sur une presse à plat, dérivée de la
presse lithographique. La vitesse du tirage n'excédait pas deux à trois cents
feuilles à l'heure. Trente cartes de format 9 X 14 étaient tirées sur une
feuille. Sur la même dalle, un tirage normal ne pouvait dépasser mille
exemplaires à cause de la fragilité de la gélatine. Pour un tirage de cartes
postales dépassant trente mille (mille feuilles de trente cartes), il fallait
procéder à une nouvelle insolation du négatif. La formule la plus avantageuse
était donc de rester dans les limites d'un premier tirage.
La dalle de verre ne subissait pas de retouches, celles-ci se
faisant, le cas échéant, directement sur le négatif. La richesse des noirs et la
légèreté des demi-teintes conféraient aux meilleurs tirages en phototypie des
qualités égales aux reproductions photographiques. L'absence totale de trame est
une des caractéristiques de la phototypie.
La phototypie permettait des tirages en couleurs à l'aide
d'encres spéciales colorées mélangées à un vernis. Ce tirage en couleurs
exigeait autant de plaques que de nuances. On employait également le procédé dit
du double ton par superposition de deux tirages, l'un en couleurs et l'autre en
noir, ce qui donnait aux épreuves un velouté remarquable. Il nécessitait deux
planches et deux passages sur presse.
La phototypie a été totalement abandonnée entre les années
1950 et 1960.
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Le pochoir
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Les cartes à jouer du XIVe siècle, que l'on considère un peu
comme les ancêtres très lointains des cartes postales illustrées, étaient
coloriées au pochoir, de même que les images d'Epinal. Ce procédé manuel fut
utilisé pour la carte postale et notamment pour les cartes au bromure avant les
procédés modernes d'impression en couleurs par héliogravure.
Pour porter les couleurs choisies sur un
document en noir et blanc, on découpait des feuilles de carton (imperméabilisées
à la paraffine) ou de minces feuilles de zinc ou de cuivre, suivant les contours
des parties à colorier. Chaque fenêtre ou pochoir correspondait à une couleur.
Celle-ci était fixée sur l'image à l'aide d'un tampon ou d'une brosse. Un grand
nombre de couleurs pouvaient être utilisées, notamment à l'aquarelle. La mise en
couleurs était plus on moins laissée à
la fantaisie des coloristes.
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La sérigraphie

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Ne nécessitant pas d'installation importante, la sérigraphie
est un procédé proche du pochoir. Les mailles d'un écran de soie ne laissent
passer la couleur qu'aux endroits laissés nus, en fonction du dessin à
reproduire. On recouvre d'une solution imperméabilisante les parties de la
feuille ne devant pas recevoir d'encre. |
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Simili (Cliché) : voir Typographie
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La taille-douce
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Ce terme désigne l'ensemble des techniques de reproduction on
de création d'une image par le moyen de la gravure en creux, qu'elle soit
manuelle ou chimique. Il s'agit de reporter sur le support à imprimer l'encre
retenue dans les creux d'une plaque de métal préalablement gravée, encrée et
essuyée en surface, cette dernière opération conditionnant l'aspect définitif de
l'œuvre.
Le cuivre rouge est le plus généralement employé. Le laiton
et, à l'occasion le fer ou le zinc le sont aussi. A l'époque romantique, l'acier
doux avait la préférence des graveurs.
Les techniques employées sont diverses et produisent des
résultats différents, le graveur pouvait faire appel au burin (taille-douce
proprement dite), à la pointe d'acier ou de diamant (pointe sèche) ou bien
encore au berceau, sorte de ciseau pourvu d'un large tranchant arqué (mezzotine).
La roulette, le grattoir, on ébarboir, le brunissoir sont également utilisés par
le graveur manuel.
Avec le procédé à l'eau-forte on a recours à un acide
(perchlorure ou acide nitrique dilué) qui se substitue à l'emploi des outils.
Différentes techniques sont venues enrichir et compléter le procédé : gravure au
vernis, au lavis, à l'aquatinte, au sucre, etc., que nombre d'artistes modernes
n'hésitent pas à combiner.
La plaque de cuivre est d'abord enduite d'un vernis
inattaquable à l'acide. La face à graver est noircie de façon que les traits du
dessin restent apparents. Celui-ci s'effectue à la pointe d'acier, mettant à nu
le métal sans l'entamer Le dessin terminé, la plaque est plongée dans mi bain
d'acide, ce dernier attaquant et éliminant. les parties non protégées.
Une épreuve d'état précède toujours l'impression qui se fait
sur une presse à bras en une ou plusieurs couleurs. Une pression très forte est
nécessaire, car la feuille doit fouiller dans la taille pour y prendre
l'encre. Quand le papier est épais on s'aide en humectant la feuille.
Le collectionneur rencontrera très peu de cartes postales
gravées par le moyen de la pointe sèche ou du burin. L'eau-forte (ou la gravure
sur bois) est plus fréquente, sans égaler quantitativement les reproductions
lithographiques et chromolithographiques.
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Trait (Cliché au) : voir Typographie
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La trame
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En offset ou en typographie la trame est une plaque transparente
quadrillée de lignes croisées opaques dont le rôle est de diviser l'image en
petits points, afin d'obtenir sur le papier sa reconstitution optique. Le
phénomène optique de création du point s'obtient grâce à un écart entre la trame
et la couche sensible qui reçoit l'image à reproduire. Cet écart varie de 1 à 8
mm selon la linéature de la trame, c'est-à-dire sa finesse. Une trame peut être
plus ou moins fine et contenir un nombre variable de lignes pour une même
surface. Plus la linéature est grande, plus l'écart est grand.
Or, la trame varie suivant les travaux auxquels on la destine.
Les trames typographiques, employées pour les journaux, sont dites de "
50 "
(cinquante lignes par pouce anglais). Elles sont visibles à l’œil nu, comme
certaines trames offset sont visibles sur les cartes postales. Pour les travaux
fins sur papier couché ou glacé on emploie (les trames allant jusqu'à 120 et
même 133. Des trames typographiques de cette nature ne sont décelables qu'a la
loupe ou au compte-fils. Les trames offset commencent avec les mêmes linéatures
et peuvent atteindre 150, 175 et même 200 lorsqu'il s'agit de travaux
particulièrement soignés.
La trame à contact procède d'un autre phénomène physique que la
trame optique (ou de cristal). Ces trames sont souples (gélatine synthétique) et
plaquées sur le film sensible auxquelles elles adhèrent par succion. Les lignes
opaques sont floues et les points deviennent plus ou moins importants selon la
quantité de lumière reçue. Il existe une trame faisant intervenir les deux
systèmes à la fois (cristal et contact). On utilise également des filtres
colorés pour allonger ou raccourcir le contraste de la trame.
La trame utilisée en héliogravure est une surface opaque
fractionnée en traits transparents nettement plus fins que les côtés des carrés
qu'ils délimitent. En héliogravure, la trame a un caractère mécanique. Elle vise
à compartimenter l'image en alvéoles d'égales dimensions afin de retenir l'encre
par capillarité.
Pour les travaux de couleurs il est nécessaire, pour chaque
cliché, d'incliner les trames à 30, les unes par rapport aux autres afin
d'éviter le moirage. Ce défaut (décalage des couleurs) apparaît sur certaines
reproductions. En quadrichromie on place le jaune à 901, et les autres couleurs
à 15°, 75°, 45°. En cas de couleurs supplémentaires, les teintes claires (rose,
bleu-vert, gris, orangé, vert) sont inclinées comme leur teinte forte
respective.
Toute trame est absente des reproductions par gravure manuelle
(taille-douce, pointe sèche, gravure sur bois) ainsi que des reproductions
obtenues par phototypie et lithographie. Les petits points irréguliers que l'on
peut remarquer sur certaines cartes en lithographie ne proviennent pas d'une
trame. Ils ont été faits à la plume par l'illustrateur pour relever un détail de
l'image, souligner un contour, accentuer une ombre. La sérigraphie et le pochoir
excluent l'emploi d'une trame, de même que les reproductions photographiques
directes (bromure).
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La trichromie
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La trichromie est un procédé consistant à reproduire à l'aide
de trois couleurs primaires (bleu cyan, jaune et rouge magenta) une image
polychrome. On y parvient en utilisant des filtres sélectionnés bleu violet,
vert et rouge derrière lesquels on photographie successivement le document en
couleurs. La superposition des trois trames monochromes reconstitue à l'encrage
l'image polychrome.
L'adjonction du noir en quatrième couleur (quadrichromie)
s'obtient par l'emploi d'un filtre de sélection jaune ou par le mélange des
trois filtres.
La sélection des couleurs nécessite toujours des corrections
(masquage, retouche) en raison de l'imperfection des filtres et des encres. On
utilise autant de plaques (passages) et de cylindres qu'il y a de couleurs à
reproduire.
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La typographie (photogravure)
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Le procédé typographique, le plus connu de tous les procédés
d'impression, dérive directement de la gravure sur bois. L'illustration en
typographie relève de la photogravure. Les clichés typographiques sont en métal
ou en plastique. Ils sont obtenus par photochimie ou par des procédés
électroniques. Les principes de base sont les mêmes que clans les procédés
similaires. Il faut prendre soin, cependant, de distinguer entre le cliché au
trait et le simili.
Le dessin ne comportant que des lignes et des aplats noirs ne
nécessite pas de trame pour être reproduit. Il n’en va pas de même de l’image
photographique dont les nuances doivent obligatoirement être traduites en points
pour être reproduite typographiquement. Ces points sont de différentes grosseurs
(trame), et la qualité de la reproduction dépend beaucoup de leur finesse. Le
papier d’impression joue également un rôle primordial dans le rendu des
illustrations.
Les phases classiques de la photogravure sont les suivantes :
1 – la couche de colloïde bichromatée qui recouvre la plaque
à graver est insolée à travers le négatif.
2 – Un acide attaque la plaque métallique là ou elle n’est
plus protégée par la couche de colloïde.
Tandis que dans les lichés au trait les reliefs du dessin
sont dégagés par la morsure de l’acide, ce sont les points qui constituent la
surface imprimante dans le cliché simili.
Insérés dans une forme et mis sous presse, les cliches
reçoivent l’encre de rouleaux encreurs et portent directement sur le papier
l’image à reproduire.
En typographie en couleurs les résultats pour les tirages de
luxe peuvent être équivalent et même supérieurs à ceux de l’offset.
La typographie n’est pas d’usage courant dans la carte
postale. Il arrive cependant de rencontrer des tirages assez ordinaires.
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Extraits du livre " les cartes postales " de Serge Zeyons
édité en 1979 |
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