SAINT-ANDRE
DU TEICH
Il n'y a guere de Paroisse
dans ce Diocese, sur la dénomination de laquelle on trouve plus de
variantes dans les anciens titres, que sur celle dont il est ici
question. Elle est appellée Parropia deu Tilh dans le
testament du noble Seigneur Pierre Amanieu, Captal de Buch,
Chevalier, fils de feu noble Baron Pierre de Bordeaux, aussi
Chevalier, en date du 20 Mai 1300.
Ce Seigneur, par ce testament, fonde la Chapellerie dans l'Eglise de
Comprian, et lui assigne pour dotation certaines rentes qu'il
percevoit dans la Paroisse de Gujan; et au cas qu'elles ne
produisissent pas vingt-cinq livres Bordeloises de rente au
Chapelain, il veut que le surplus soit pris sur les rentes qu'il
avoit dans la Paroisse du Tilh. On ne peut entendre par ces
mots, Paroisse du Tilh, que celle du Teich, pour deux
principales raisons: la premiere, parce qu'il n'y a point dans
ce Diocese de Paroisse du Tilh; la seconde, parce que celle du Teich
étoit située pour lors, tout comme à présent, dans le Captalat de
Buch.
On la retrouve appellée dans ce même testament, parropia de
Teissi. En effet, ce Seigneur faisant une seconde fondation dans
l'Eglise de Comprian, et assignant la dotation sur des rentes qu'il
avoit à Gujan, veut, en cas d'insuffisance, que le surplus en fût
pris sur celle qu'il avoit dans la paroisse deu Teissi. Pour
concilier, ou plutôt pour rendre raison de deux différentes
dénominations données dans un même titre, à une seule et même
Paroisse, on peut dire que celle du Tilh étoit la
dénomination ancienne et primitive, et celle du Teyssi étoit
une nouvelle dénomination qu'on commençoit à lui donner en ce
temps-là, et dont on a formé dans la suite celle du Teich, qu'elle
porte actuellement.
Il faut convenir que dans cet intervalle elle a eu différens noms.
On la trouve appellée simplement au Teys dans le testament de
noble et puissant Baron, le Seigneur Jean de Greyli, CAPTAL DE Buch
et Seigneur de Puypaulin de Bordeaux, en date du 31 Mars 1343,
par lequel il veut, entr'autres choses, qu'il soit célébré cinquante
Messes dans Gujan, et autres cinquante au Teys. Elle est également
appellée parropia deu Teys en Buch, dans un titre du 12 Mars
1422.
Si on consulte les anciens pouillés imprimés ou manuscrits, on la
trouve appellée, tantôt de Tahis, du Taix ou de Tais.
Quoi qu'il en soit de toutes ces variantes, on peut dire qu'on est
actuellement fixé à cet égard, et que son nom, depuis environ le
commencement de ce siecle, est Saint-André du Teich, ou
simplement le Teich.
Cette Paroisse, est située dans le Captalat de Buch, dépend
de l'Archiprêtré de Buch en Born. Sa Cure est séculiere, et
est à la nomination de M. l'Archevêque. Le Curé en est le gros
Décimateur; mais le Seigneur de la Paroisse y prend la cinquième
partie des fruits décimaux. Les principaux Villages sont: Le
Bourg.... les Castaings.... Manieu.... Pelle et le Village de
Jacques.
Cette Paroisse est bornée, vers le levant, par celle de la Mothe,
dont elle est néanmoins séparée par la riviere de Leyre, qui se
décharge dans le Bassin, après avoir bordé des marais du Teich qu'on
a desséchés; vers le couchant, par la Paroisse de Gujan, et vers le
midi par celles de Cazeaux et de Sanguinet.
En général, les fonds de cette Paroisse sont sablonneux; ils sont
pourtant mêlés d'un peu d'argile qui est assez friable: il y a une
quantité considérable de landes vers la partie du midi; il y a
également beaucoup de marais à dessécher, dont une partie formant
contenance d'environ 460 journaux, et qui est environnée de deux
branches de la riviere de la Leyre, appartient à l'Eglise du Teich;
les principales productions de cette Paroisse sont des seigles et
des menus grains; on prétend néanmoins qu'elle pourroit produire du
froment, sans doute, dans les marais qui ont été desséchés.
Le Teich est à une distance d'environ neuf lieues de Bordeaux, et
d'une lieue et demie de la Teste, chef-lieu du Pays de Buch. On y
fait parvenir les lettres, soit par les Bougés qui viennent
fréquemment à Bordeaux, soit par la voie d'un Messager exprès qui
apporte les lettres de Bordeaux à la Teste. Le circuit de la
Paroisse, en y comprenant les Landes qui en dépendent, est d'environ
cinq lieues. Certaines habitations isolées, comme le Broux, Taon
et Abeilleys, sont à distance de trois lieues de l'Eglise. Cela
paroîtra sans doute surprenant; mais c'est ce que portent
littéralement les renseignements que nous avons reçus.
Cette Eglise est placée vis-a-vis celle du Prieuré Royal de Comprian;
mais elle en est séparée par la riviere de Leyre, qui se décharge
dans le Bassin d'Arcachon par sept différentes embouchures ou fossés
considérables.
La Paroisse du Teich est dépendante de la Juridiction du Captalat de
Buch, qui appartient à M. de Ruat, Conseiller au Parlement, ainsi
que l'entiere directe. C'est dans cette Paroisse qu'est situé le
château de Ruat, qui a appartenu autrefois, a ce qu'on assure, à la
Maison de Casteja, à laquelle on attribue la fondation de la
Chapelle, sous l'invocation de Notre-Dame, qui existe dans l'Eglise
du Teich. On prétend même que le nom de cette Maison est inscrit sur
la grosse cloche de cette Eglise. Noble homme Jean de Casteja,
Ecuyer, est qualifié Seigneur de Ruat dans un titre du 15 Décembre
1578; il avoit épousé Isabeau de Gassie, Demoiselle, qui se qualifie
sa veuve dans un autre titre du 29 Août 1616. La Maison de Casteja
étoit noble et ancienne.
On trouve un Pierre de Casteja, qualifié Miles, c'est-à-dire,
Chevalier, dans un titre du 11 Mars 1422, un Bernard de Casteja,
qualifié Cavoy, dans un titre du 5 Août 1393. Ce mot Gavoy,
qui est Gascon, a été employé pour désigner un Chevalier; il
avoit laissé veuve noble Dame Jeanne de Fronsac so épouse, qui étoit
d'une très-ancienne Maison du Pays Bordelois. On aura occasion
peut-être de parler de cette Maison dans quelqu'autre lieu de cet
Ouvrage. Il existe dans cette Paroisse une forêt de pins semés
depuis environ dix à douze ans, qui a une lieue de longueur sur un
quart de lieue de largeur. On compte cent quatre feux ou familles
dans cette Paroisse.