La Paroisse du Teich vu par l’abbé Jacques BAUREIN dans les « Variétés Bordeloises » Volume III, entre 1784 et 1786.

ARTICLE  XXXVII
 

 

Le texte est intégralement repris comme sur livre de l'abbé Jacques BAUREIN

 

SAINT-ANDRE DU TEICH

Il n'y a guere de Paroisse dans ce Diocese, sur la dénomination de laquelle on trouve plus de variantes dans les anciens titres, que sur celle dont il est ici question. Elle est appellée Parropia deu Tilh dans le testament du noble Seigneur Pierre Amanieu, Captal de Buch, Chevalier, fils de feu noble Baron Pierre de Bordeaux, aussi Chevalier, en date du 20 Mai 1300.
Ce Seigneur, par ce testament, fonde la Chapellerie dans l'Eglise de Comprian, et lui assigne pour dotation certaines rentes qu'il percevoit dans la Paroisse de Gujan; et au cas qu'elles ne produisissent pas vingt-cinq livres Bordeloises de rente au Chapelain, il veut que le surplus soit pris sur les rentes qu'il avoit dans la Paroisse du Tilh. On ne peut entendre par ces mots, Paroisse du Tilh, que celle du Teich, pour deux principales raisons:  la premiere, parce qu'il n'y a point dans ce Diocese de Paroisse du Tilh; la seconde, parce que celle du Teich étoit située pour lors, tout comme à présent, dans le Captalat de Buch.
On la retrouve appellée dans ce même testament, parropia de Teissi. En effet, ce Seigneur faisant une seconde fondation dans l'Eglise de Comprian, et assignant la dotation sur des rentes qu'il avoit à Gujan, veut, en cas d'insuffisance, que le surplus en fût pris sur celle qu'il avoit dans la paroisse deu Teissi. Pour concilier, ou plutôt pour rendre raison de deux différentes dénominations données dans un même titre, à une seule et même Paroisse, on peut dire que celle du Tilh étoit la dénomination ancienne et primitive, et celle du Teyssi étoit une nouvelle dénomination qu'on commençoit à lui donner en ce temps-là, et dont on a formé dans la suite celle du Teich, qu'elle porte actuellement.
Il faut convenir que dans cet intervalle elle a eu différens noms. On la trouve appellée simplement au Teys dans le testament de noble et puissant Baron, le Seigneur Jean de Greyli, CAPTAL DE Buch et Seigneur de Puypaulin de Bordeaux, en date du 31 Mars 1343, par lequel il veut, entr'autres choses, qu'il soit célébré cinquante Messes dans Gujan, et autres cinquante au Teys. Elle est également appellée parropia deu Teys en Buch, dans un titre du 12 Mars 1422.
Si on consulte les anciens pouillés imprimés ou manuscrits, on la trouve appellée, tantôt de Tahis, du Taix ou de Tais.
Quoi qu'il en soit de toutes ces variantes, on peut dire qu'on est actuellement fixé à cet égard, et que son nom, depuis environ le commencement de ce siecle, est Saint-André du Teich, ou simplement le Teich.
Cette Paroisse, est située dans le Captalat de Buch, dépend de l'Archiprêtré de Buch en Born. Sa Cure est séculiere, et est à la nomination de M. l'Archevêque. Le Curé en est le gros Décimateur; mais le Seigneur de la Paroisse y prend la cinquième partie des fruits décimaux. Les principaux Villages sont: Le Bourg.... les Castaings.... Manieu.... Pelle et le Village de Jacques.
Cette Paroisse est bornée, vers le levant, par celle de la Mothe, dont elle est néanmoins séparée par la riviere de Leyre, qui se décharge dans le Bassin, après avoir bordé des marais du Teich qu'on a desséchés; vers le couchant, par la Paroisse de Gujan, et vers le midi par celles de Cazeaux et de Sanguinet.
En général, les fonds de cette Paroisse sont sablonneux; ils sont pourtant mêlés d'un peu d'argile qui est assez friable: il y a une quantité considérable de landes vers la partie du midi; il y a également beaucoup de marais à dessécher, dont une partie formant contenance d'environ 460 journaux, et qui est environnée de deux branches de la riviere de la Leyre, appartient à l'Eglise du Teich; les principales productions de cette Paroisse sont des seigles et des menus grains; on prétend néanmoins qu'elle pourroit produire du froment, sans doute, dans les marais qui ont été desséchés.
Le Teich est à une distance d'environ neuf lieues de Bordeaux, et d'une lieue et demie de la Teste, chef-lieu du Pays de Buch. On y fait parvenir les lettres, soit par les Bougés qui viennent fréquemment à Bordeaux, soit par la voie d'un Messager exprès qui apporte les lettres de Bordeaux à la Teste. Le circuit de la Paroisse, en y comprenant les Landes qui en dépendent, est d'environ cinq lieues. Certaines habitations isolées, comme le Broux, Taon et Abeilleys, sont à distance de trois lieues de l'Eglise. Cela paroîtra sans doute surprenant; mais c'est ce que portent littéralement les renseignements que nous avons reçus.
Cette Eglise est placée vis-a-vis celle du Prieuré Royal de Comprian; mais elle en est séparée par la riviere de Leyre, qui se décharge dans le Bassin d'Arcachon par sept différentes embouchures ou fossés considérables.
La Paroisse du Teich est dépendante de la Juridiction du Captalat de Buch, qui appartient à M. de Ruat, Conseiller au Parlement, ainsi que l'entiere directe. C'est dans cette Paroisse qu'est situé le château de Ruat, qui a appartenu autrefois, a ce qu'on assure, à la Maison de Casteja, à laquelle on attribue la fondation de la Chapelle, sous l'invocation de Notre-Dame, qui existe dans l'Eglise du Teich. On prétend même que le nom de cette Maison est inscrit sur la grosse cloche de cette Eglise. Noble homme Jean de Casteja, Ecuyer, est qualifié Seigneur de Ruat dans un titre du 15 Décembre 1578; il avoit épousé Isabeau de Gassie, Demoiselle, qui se qualifie sa veuve dans un autre titre du 29 Août 1616. La Maison de Casteja étoit noble et ancienne.
On trouve un Pierre de Casteja, qualifié Miles, c'est-à-dire, Chevalier, dans un titre du 11 Mars 1422, un Bernard de Casteja, qualifié Cavoy, dans un titre du 5 Août 1393. Ce mot Gavoy, qui est Gascon, a été employé pour désigner un Chevalier; il avoit laissé veuve noble Dame Jeanne de Fronsac so épouse, qui étoit d'une très-ancienne Maison du Pays Bordelois. On aura occasion peut-être de parler de cette Maison dans quelqu'autre lieu de cet Ouvrage. Il existe dans cette Paroisse une forêt de pins semés depuis environ dix à douze ans, qui a une lieue de longueur sur un quart de lieue de largeur. On compte cent quatre feux ou familles dans cette Paroisse.

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