La création du franc germinal est un évènement très
important de l'histoire du franc.
C'est la Convention qui définit, en 1795, le franc comme nouvelle unité
monétaire, plutôt que le louis d'or qui porte le prénom d'un roi déchu.,
mais il faut attendre le Consulat et la loi du 7 germinal an XI (28 mars
1803) pour assister à une refonte générale des monnaies. Bien qu'une
unité monétaire ait porté le nom de "franc" ou "franc à cheval", dès le
5 décembre 1360, frappée pour payer la rançon du roi Jean II le Bon, le
franc français ne devient l'unité monétaire de la France qu'à compter de
cette date.Une réforme
monétaire indispensable
Lorsque Napoléon Bonaparte prend le pouvoir après le coup d'Etat de
Brumaire, il souhaite avant tout rétablir l'autorité de l'Etat, apaiser
les tensions politiques et religieuses, ramener la vie économique, mais
aussi mettre en place une véritable réforme monétaire.
En effet, en 1789, la Révolution a hérité des dettes de la Monarchie,
qui en reculant devant la nécessité d'une réforme fiscale et en se
lançant dans une politique irraisonnée d'emprunts a conduit le pays au
bord de la banqueroute. La toute jeune Assemblée prend alors deux
décisions contradictoires: elle reconnaît "l'inviolabilité des dettes",
mais déclare illégaux les impôts existants. Pour trouver de l'argent
elle a recours aux assignats, une émission d'obligations garanties sur
les terres des domaines ecclésiastiques et royaux, qui deviennent une
monnaie à part entière, puis aux mandats territoriaux, qui peuvent être
à tout instant échangés contre un bien national.
Cela ne fait qu'empirer la situation. L'inflation galope, les prix
flambent, la monnaie s'effondre. Et la banqueroute tant redoutée est
déclarée le 9 vendémiaire an VI (30 septembre 1797). Les caisses de
l'Etat sont vides lorsque Napoléon arrive au pouvoir.
Un certain nombre de principes
La réforme monétaire tient une place essentielle dans la politique du
Premier Consul, qui vise a mettre fin à l'anarchie de la dérégulation
monétaire, où se côtoient encore écus, louis d'or et pièces
révolutionnaires de divers métaux. Et c'est le Conseil d'Etat,
institution par excellence du Consulat, qui examine la loi de germinal,
créant le franc germinal.
Celle-ci suscite de nombreux débats, qui touchent à des questions
essentielles de la monnaie en F<rance et définissent un certain nombre
de principes: l'utilité de la monnaie consiste dans la propriété qu'elle
a de faciliter et de multiplier les échanges; la monnaie est d'autant
plus favorable à la multiplication des échanges que sa valeur est
invariable; la valeur des monnaies est indépendante de la volonté des
législateurs. Elle tient uniquement ç la nature et a la quantité du
métal précieux qui la constitue et la fixité de cette valeur ne saurait
être autre chose que la fixité de ce poids et de cette matière; enfin il
y a nécessité de faire coïncider monnaie de compte et monnaie réelle.
La loi du7 germinal an XI
La loi du 7 germinal an XI (28 mars 1803) crée ainsi le franc germinal
en se fondant sur deux paramètres majeurs : l'immuabilité du poids et du
titre, et l'adoption de l'argent comme métal de base. Elle décide la
frappe d'une pièce d'un franc par "5 grammes d'argent au titre de neuf
dixième de fin", autrement dit elle contient 4,5 grammes d'argent pur.
Sont également émises des pièces d'un quart de franc, d'un demi-franc,
de trois quart de franc, de deux francs et de cinq francs.
La nouvelle monnaie est très simple d'utilisation avec ses décimes. Si
l'argent s'affirme comme le pilier du système, l'or n'en est cependant
pas exclu. L'article 6 de la loi stipule qu'il "sera fabriqué des pièces
de 20 et de 40 francs en or" et qu'on "taillera 155 pièces de 20 francs
dans un kilo d'or", les célèbres pièces "Napoléon".
De fait, c'et un système de monnaie de règlement bimétalliste
traditionnel, où l'or et l'argent ont cours légal, qui est mis en place.
Le franc germinal demeure stable jusqu'en 1914. Mais de 1918 à 1924,
affecté par la Grande Guerre, il perd 80% de sa valeur en six ans.
Déchiré mais raisonnable, Raymond Poincaré, rappelé à la tête du
gouvernement en 1926, se résigne à le dévaluer et met fin au
bimétallisme le 25 juin 1928 en se ralliant à l'étalon-or.
Désormais, le franc sera simplement "65,5 milligrammes d'or fin au titre
de 900/1000 de fin". C'en est fini du franc germinal.
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