La Paroisse de Salles vu par l’abbé Jacques BAUREIN dans les « Variétés Bordeloises » Volume III, entre 1784 et 1786.

ARTICLE  XXVI
 

 

Le texte est intégralement repris comme sur livre de l'abbé Jacques BAUREIN

 

SAINT-PIERRE  DE  SALES  EN  BUCH

Cette paroisse est située dans les landes et dans l’Archiprêtré de Buch et Born, ou de Parentis. Son église quoique grande, ayant une nef et deux collatéraux, est néanmoins insuffisante pour contenir le grand nombre de ses Paroissiens. Elle est belle, très bien décorée et très bien entretenue, comme le sont ordinairement les Eglises des Landes.

Le Prieur de Belin en Bazadois, «étoit le Collateur ; mais depuis l’union de ce Prieuré à l’Evêché de Bazas, la collation de cette Cure est dévolue à M. l’Archevêque de Bordeaux. Elle est desservie par un Curé Vicaire perpétuel : la grosse dîme de la Paroisse appartient maintenant au Séminaire de Saint Raphaël de Bordeaux : néanmoins il y a certains quartiers situés au-delà de la rivière de Leyre, où la dîme est perçue, soit par le Séminaire de Saint Raphaël, soit par le Commandeur du TEPLE DE Bordeaux, soit enfin par le Curé de la Paroisse : ces quartiers sont le Lanot, Billos, Captlane, Galan, Peyreherrine et autres.

Les principaux quartiers de cette Paroisse, indépendamment de ceux qu’on vient de nommer sont : Le Bourg de Sales, qui est très considérable ; la Vignole, Paris, Peybidau, Hourset, Bas, Martinet, Larriu, Argiléas, Peylaon, Perrin-Sangués, Badet, Le Beguey et Peyols ; tous placé en deçà la Leyre. Le Village du Mayne est placé au delà de cette rivière.

Il existoit anciennement une Chapelle dans le quartier de Bilos, dont la tradition subsiste encore, quoiqu’il y ait plusieurs siècles qu’elle ait été détruite ; elle appartenoit à l’Ordre de Malte, comme dépendante de la Commanderie du Temple de Bordeaux, et étoit érigée sous l’invocation de Saint Jean. Il en existoit une autre dans le quartier de la Vignolle, dont les débris subsistent encore, entr’autres le tombeau de l’Autel. On ignore entièrement l’époque et la cause de sa destruction.

La Paroisse de Sales, qui a douze lieues de circuit et quatre de diametre, est traversée par la rivière de Leyre qui la divise en deux parties considérables, et qui, dans des débordemens auxquels elle est sujette pendant l’hiver, rend dangereux l’accès à l’Eglise pour les habitans qui sont placés au midi de cette rivière. Cette Paroisse, qui est composée de trois cent cinquante feux pour le moins, est située dans une plaine dont le terroir est à peu près égal dans toute son étendue ; il est sablonneux, comme la majeure partie des Landes, on y trouve néanmoins en certains endroits une espèce de pierre, couleur rouille, et dans laquelle on remarque quantité de parties ferrugineuses ; elle ne être employée qu’en moëllon. On trouve au voisinage de la rivière de Leyre, une autre espèce de pierre marins, entr’autres, des glossopêtres et des coquillages de diverses espèces : cette pierre, qui est assez friable lorsqu’elle sort de la carrière, se durcit dans la suite lorsqu’elle est employée. Il y a lieu de présumer qu’au dessous et peu de profondeur, il y a de la pierre qu’on pourroit tailler. C’est au moins ce qu’on retrouve dans d’autres lieux des Landes où il y a des dépôts marins.

Quoiqu’il y ait des Landes considérables dans la Paroisse de Sales, qui sont plus nécessaires qu’on ne l’imagine d’abord, néanmoins elle est très bien cultivée ; on l’appelle communément le Paradis des Landes : les habitans y sont très laborieux ; c’est ce qui a donné occasion de les appeler les Galériens de la Lande : et en effet, s’il y a des charrois à faire, ils ne craignent pas d’aller jusqu’à Bayonne, pour y transporter des marchandises. Plusieurs d’entr’eux s’occupent à faire du charbon qu’ils transportent chaque semaine à Bordeaux : une grande partie s’appliquent à la culture des pins et au labourage des terres, qui forment une de leurs principales occupations. Il y a vingt-cinq fours à résine.

On recueille dans cette Paroisse, du seigle, du millet, du miel et de la résine ; on y élève aussi des bêtes à laine, ainsi qu’il est d’usage dans les Landes, non seulement pour y avoir de quoi se vétir, mais principalement pour ce procurer des engrais pour les terres, qui, à dire vrai, est le seul profit net qu’on retire des troupeaux à laine, attendu que ce qu’on en retire d’ailleurs, va tout en dépense.

Sales est borné, vers le levant, par la Paroisse de Beliet ; vers le couchant, par celle de Mios ; vers le nord par celle du Barp ; vers le midi, par celle de Sanguinet, et vers le sud-est, par celle de Lugo, située dans le Diocese de Bazas ; ce qui fait que la Paroisse de Sales est, à cet égard, limitrophe du Diocese de Bordeaux, sans qu’il y ait en cette partie aucune limite permanente qui fixe la séparation.

La Paroisse de Sales est placée à la distance de huit lieues de Bordeaux ; il n’y existe ^point de bureau de poste aux lettres ; mais il n’y a point de semaine qu’on ne trouve des occasions pour y faire parvenir les lettres. Il y a des quartiers dans cette Paroisse, qui sont à distance de deux lieues de l’Eglise, entr’autres, celui de la Vignolle et la Courgeyre. Il se tiens dans Sales deux foires dans l’année, l’une au 12 de Mai pour les bêtes à corne, et l’autre le jour de la Toussaint, pour diverses denrées et marchandises. Il y a dans Sales des fontaines dont les eaux sont de très bonne qualité ; il y en a même de qualité ferrugineuse et minérale, auxquelles on attribue des effets salutaires ; mais ces fontaines sont dans le Bourg ou aux environs ; il n’en est pas ainsi dans tous les quartiers de cette Paroisse.

M. LE Président Pichard est Seigneur Haut-Justicier de Sales ; il y a un château situé auprès de la Leyre et à peu de distance du Bourg.

M. d’Anville, dans sa Notice de l’ancienne Gaule(p. 572), au mot Salomacum, pense que cet ancien lieu est actuellement représenté par celui de Sales.

« La situation, dit ce Savant, qui convient à ce leu (Salomacum), sur une voie Romaine que décrit l’Itinéraire d’Antonin entre Aquas Tabellicas, ou Acqs et Bordeaux, est déterminée dans l’article Cocosa, auquel on peut recourir. Je me contenterai de répéter ici que la position correspondante à Salomacum, conserve un reste de l’ancienne dénomination dans le nom Sales. »

Le Seigneur de cette Paroisse a été maintenu par Arrêt du Conseil du 6 Mars 1743, dans la perception d’un droit de péage, à raison d’un bac sur rivière de Leyre et à percevoir en conséquence : quatre deniers par personne à pied…. neuf deniers par personne à cheval…. neuf deniers par cheval ou mulet, chargé ou non, y compris le Conducteur…. un sol par chaise ou autre voiture…. un sol six deniers par litiere, carrosse, attelés de deux chevaux, bœufs ou mulets…. six deniers par cheval, bœuf ou mulet, d’augmentation…. Les personnes qui seront dans les voitures, les Domestiques, Conducteurs, etc., seront exempts, en payant pour les voitures les droits ci-dessus…. Pour bœufs ou vache, six deniers…. Pour cochon ou truie, trois deniers…. Pour brebis, mouton ou chevre, deux deniers.

 

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