Ernest VALENTON de BOISSIÈRE  (1811 – 1894)  Bienfaiteur d’AUDENGE

Conférence de Jean-Yves Boutet

 

Dans le cadre de la fête de Saint-Yves, saint patron d'Audenge, le Samedi 15 Mai 2010 Jean‑Yves BOUTET a donné une conférence dans la salle des mariages de la mairie d'Audenge sur « la vie méconnue d'Ernest VALETON de BOISSIERE aux USA ».

Cette conférence faisait suite à celle présentée en Mai 2009 par le même narrateur, sur la vie en France d'Ernest de BOISSIERE, à l'occasion du 115ème anniversaire de sa mort. A l'issue de cette réunion avait été créée l'Association Ernest VALETON de BOISSIERE dont le secrétaire est Jean‑Yves BOUTET, le trésorier Alain de MADAILLAN, fils de Madame Geneviève VALETON de BOISSIERE, dernière personne portant ce nom en France.

Ernest de BOISSIERE (1811 – 1894) polytechnicien issu d'une famille de négociants borde­lais hérita du Domaine de Certes dont il reconstruisit le château vers 1840. Il transforma le domaine jusqu'alors aménagé pour la production du sel et le mit en valeur (assainissement, transformation des marais en pisciculture....). De plus, il prit part intensément à la vie locale en mettant en avant des idées agronomiques, progres­sistes, humanistes et sociales. Il fut un fervent partisan du mouvement fouriériste* mais en 1851 au moment du coup d'état de Napoléon III, il est obligé de s'exiler : il part à La Nouvelle-Orléans où il exploite une entreprise de transports maritimes. Puis il cherche un endroit pour créer une coopérative agro-industrielle : son choix se fixe sur les plaines du Kansas. Il a presque 60 ans quand il fonde avec deux américains fouriéristes, Albert Brisbane et Elijah P. Grant, une ferme basée sur l'industrie autarcique de la soie, c'est-à-dire conduite de plantations de mûriers, élevage de vers à soie venant de Californie et tissage avec trois métiers à tisser. Il y a ainsi toute la chaîne de transformations.

Ainsi naquit SILKVILLE en 1869.

Simultanément, de BOISSIERE exploite une ferme avec du bétail d'où il tire les produits laitiers, des vergers d'arbres fruitiers et de la vigne. Des familles fran­çaises viennent travailler dans cet ensemble qui constitue les bases d'un phalanstère** au sens de Charles FOURIER*. Chaque personne œuvre selon ses affinités, a toute liberté pour organiser son travail ; l'éducation des enfants et les aides sociales tiennent une place importante. Que ce soit dans le domaine industriel ou dans le domaine agricole, de BOISSIERE s'efforce d'allier développement économique et théories sociales.

Après une période de succès (présence à l'exposition universelle de Philadelphie), l'aban­don des deux associés et, plus tard, des difficultés (attrait des résidents français vers des travaux mieux rémunérés, concurrence d'autres fournisseurs de soie...) contraignent de BOISSIERE à abandonner non sans avoir amassé une fortune.

SILKVILLE, avec une vingtaine d'années d'existence, fut la plus longue réalisation fouriériste.

En 1884, Ernest VALETON de BOISSIERE revient à Audenge : sans descendants et par conviction, il lègue ses biens (deux propriétés) aux œuvres scolaires de la ville et devient ainsi le bienfaiteur d'Audenge... (l’avenue de l’Hôtel de Ville porte d‘ailleurs son nom).

Pour célébrer le bicentenaire de sa naissance en 2011, l'association projette l'organisation de grandes manifestations.

Jean-Yves BOUTET a terminé sa conférence en musique avec un CD contenant une chanson intitulée « la fille de Valeton » chantée par Curly Musgrave et Belinda Gail (célèbre duo de la musique Western) rapportant la vie dans ce lieu appelé « Valeton », du nom de son créateur.

Notes

*Charles FOURIER (1772 – 1837) a posé au début du XIXème siècle les bases d'une socié­té communautaire.

**Le phalanstère (« regroupement solide ») est un ensemble de bâtiments à usage com­munautaire formé par la libre association et  par l'accord affectueux des membres. Un phalanstère, d'après la théorie de FOURIER, peut s'étendre sur 1200 mètres et présenter de nombreuses salles pour divers usages, des appartements, des cours …et abriter environ 1800 individus !..

En France, les tentatives de création de phalanstères ont échoué rapidement.

La photo d’Ernest de Boissière nous a été fournie par Jean Yves Boutet qui a numérisé le portrait « sauvé » à l’école annexe de Lubec et exposé aujourd’hui dans la salle des mariages de la mairie d’Audenge.

 

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