Jean DESPUJOLS un peintre de chez nous

 

 

            Le 17 mars 1886 naissait dans une maison du bourg de Salles Jean DESPUJOLS.

Ses parents étaient tous deux instituteurs : Bernard Pierre dit Louis, le père, était né à Loupiac (Gironde) et Jeanne LINTILHAC, la mère, à Salles.

            C’est son ascendance maternelle qui ancre la généalogie de Jean DESPUJOLS à Salles. En effet, si son grand-père Léonard LINTILHAC, forgeron-serrurier, était né à Sore (Landes) – les Lintilhac étant originaires d’Auvergne – Françoise DUPHIL, sa grand-mère maternelle, était née à Salles et dans ses ascendants on trouve des familles bien salloises : Duphil donc, mais aussi Harribey, Téchoueyres, Dubourg, Cazauvieilh, Dupuch, Villetorte, Dumora,….ect.

            Une généalogie comparée entre les ascendants de Jean DESPUJOLS et de deux de nos adhérentes suit. (Plusieurs autres adhérentes ou adhérents pourraient sans doute se rattacher à la même généalogie).

            Revenons à Jean DESPUJOLS.

Dès sa plus jeune enfance il fit preuve de dons pour le dessin. Parmi les documents qui furent adressés en mars 1976 au maire de Salles puis en juillet de la même année à Monsieur Pierre Labat, d’Audenge, par Monsieur Pierre DESPUJOLS, frère du peintre on lit :

            « En 1898 après ses études primaires, mon frère entre en 6ème moderne au lycée de Bordeaux et fait ses classes jusqu’à la 3ème, mais un irrésistible penchant pour le dessin décide mes parents à l’orienter vers une carrière d’art. Il passe trois ans dans un atelier de lithographie, le quitte pour un long voyage en Europe centrale, fait son service militaire et entre à l’École des Beaux-Arts de Bordeaux [à noter qu’une plaque à sa mémoire y est apposée], puis à celle de Paris. Le 18 juillet 1914, la veille de la Première Guerre mondiale, il obtient le premier grand prix de Rome de la peinture. » 

            Mobilisé au 34ième Régiment d’infanterie il participe à la Grande guerre, d’abord caporal-fourrier puis sergent-mitrailleur et enfin officier. Il sera décoré de la médaille militaire et de la légion d’honneur avec 6 citations.

            Démobilisé, il intègre la Villa Médicis à Rome où il côtoie les compositeurs Delvincourt et Ibert et Jean Dupas, peintre grand prix de Rome 1910, Bordelais, décorateur notamment de la salle des fêtes de la Bourse et du Travail à Bordeaux.

            De retour de Rome, en 1924, il est professeur de peinture à l’École d’art américaine de Fontainebleau et expose aux Indépendants, aux Artistes Français, au musée d’Art moderne. Il est l’un des peintres de l’école néo-classique.

            En 1925, Albert Marquet, maire de Bordeaux acquiert la composition de Jean DESPUJOLS « L’agriculture » pour la grande salle de l’Athénée.

            En 1936, Jean DESPUJOLS part pour l’Indochine où il vivra plusieurs années menant de pair son activité de peintre avec l’étude de la philosophie extrême-orientale. Car Jean DESPUJOLS est non seulement peintre mais aussi philosophe. (Pierre Despujols a écrit : « D’après les lettres que je possède, mon frère se serait fait l’apôtre de la théorie sociale de Confucius, lequel a donné à la Chine plus de 2000 ans de paix avant l’immixtion de l’occident. »)

            Jean DESPUJOLS a écrit deux volumes de métaphysique sur « la génération des hypostases et la conciliation des contraires ». Il faut y ajouter ses poésies de guerre, ses récits de voyage, sa théorie de 1935 où, écrit son frère, « il s’efforce d’expliquer l’ordonnance des couleurs par référence à une courbe algébrique, la spirale logarithmique ». Il composa aussi une vingtaine de pièces pour piano.

            Après avoir exposé à Hanoï, Saigon, en août 1938 il s’embarque à Haiphong pour un voyage qui par Macao, Hong-Kong et Shanghai va le mener au Japon puis aux Îles Hawaï et enfin aux USA où il va séjourner jusqu’en 1939. Il revient alors en France pour organiser une exposition à l’Orangerie mais la guerre survient et l’exposition est annulée.

            En novembre 1939 il quitte la France, réside au Texas, visite le Mexique, enseigne au Massachussetts et en Pennsylvanie et se fixe définitivement en 1941 à Shreveport en Louisiane.

            Il avait épousé en 1ères noces une Italienne Donata Vannutelli qui mourut prématurément. C’est elle que DESPUJOLS a représenté sur le tableau intitulé « La Pensée ». Le livre sur lequel Donata médite est « L’épitinikaire » ouvrage métaphysique de Jean DESPUJOLS.

            En 2 des noces il épousa le 5 janvier 1932 à Boulogne-Billancourt une pianiste américaine Millicart Katherine Jordan. À noter que Jean DESPUJOLS avait appris le piano avec sa mère, mais il « tâtait » aussi du violon et du violoncelle.

            En 1945 il est naturalisé américain sans perdre sa nationalité française. Il acquit aux USA une grande renommée en particulier comme portraitiste et vécut essentiellement de sa peinture.

            Il est mort à Shreveport le 27 janvier 1965. De son premier mariage il avait eu une fille ; de son second un garçon et trois filles.

            Son immense collection ramenée d’Indochine comprenait 360 peintures à l’huile, aquarelles, dessins. À la suite d’une exposition au National Museum de Washington il avait reçu de nombreuses offres d’achat mais refusa toutes les propositions car il ne désirait céder sa collection que dans son intégralité.

            « Il mourut sans que son vœu fût exaucé, écrit Pierre DESPUJOLS, mais ses enfants ont scrupuleusement respecté sa volonté et en mai 1974 ils m’ont annoncé que la collection venait d’être acquise par un mécène de Dallas, Algur Meadows, vice-président de la General Oil Company of Texas, et cédée par lui à l’Université de Shreveport »

            Le 21 février 1976 fut inauguré le Meadows Museum of Art –Despujols collection.

            Dans sa lettre du 15 mars 1976 Pierre Despujols cite l’article que le Shreveport Magazine of Art a consacré à l’inauguration du musée :

            «  Cette cérémonie couronne une œuvre d’amour qui fut entreprise à Paris il y a plus de quarante ans et poursuivie à travers le monde pour s’achever dans la beauté et la sérénité du campus de Shreveport. Notables, artistes et amis se sont groupés autour du musée construit pour célébrer le génie du peintre français Jean DESPUJOLS et la générosité de l’ancien étudiant Algur Meadows ».

            Terminons en citant ce qu’écrivait encore Pierre Despujols en 1976 :

            « Mon frère adorait Salles, la Leyre, les bois, les vastes horizons, les allées du château, et même le moulin du Caplanne où il posait parfois le chevalet. »

            Qu’on nous permette d’avoir une pensée émue pour cet homme, cet artiste, ce penseur, ce poète qui fit ses premiers dessins, ses premières peintures dans la maison, hélas démolie, où il était né dans le bourg de Salles et au bord de la Leyre notre belle rivière.
 



Maison de naissance de Jean DESPUJOLS
 

 

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