Quand la France encourageait ses enfants à peupler ses colonies

 

( sources: Almanach Hachette 1898 - catalogue Expo Universelle de 1900 )
 

En retour de leur Hardiesse intelligente l'état donnera aux français à l'étranger l'appui dont ils ont besoin. La sollicitude de la République s'étend à tous ses enfants, à ceux surtout qui servent au loin.
Là où est un français, là est la France.

                                                                                                                           
Félix  FAURE
 

La presse s'il y a juste un siècle nous montre bien comment on tentait d'inciter les Français à se faire colons en Nouvelle Calédonie.
L'époque où les recruteurs enivraient les colons potentiels dans les tavernes des ports était bien révolue.
Toute fois, on ne manque pas de mettre en relief les vicissitudes de la vie en métropole,
tel cet article dont le début nous semble si curieusement actuel !

Les difficultés de la vie semblent grandir avec le progrès de la civilisation.
A mesure que le niveau de l'instruction s'élève, il y a encombrement dans toutes les professions et toutes les carrières, et ceux que dirige le souci de leur avenir se demandent comment ils feront dans quelques années d'ici pour trouver une place au soleil.
Que d'énergies restent sans emploi dans le trop plein des villes !
Condamné à l'inaction le petit capitaliste qui ne retire que le 2% de son argent végète dans un état voisin de la misère.

Y a-t-il un remède à ce mal dont souffre tout particulièrement notre pays ?

CE REMEDE EXISTE, C'EST LA COLONISATION !

Nos vieux mondes exploités depuis 12 ou 15 siècles n'offrent presque plus de débouchés.
Il est temps que nous cherchions dans les Nouvelles France d'outre-mer la possibilité de vivre et de faire notre chemin.

Plus loin la France d'outre-mer est présentée en termes élogieux sous les meilleurs auspices !

Sur de l'Australie dont elle est séparée par les flots bleus de l'océan pacifique la Nouvelle Calédonie est 3 fois plus grande que la Corse.
Ses massifs de montagnes d'où descendent des eaux vives sont séparés par des plaines de milliers d'hectares qui n'attendent que la main du colon pour produire en abondance du café, du riz, du tabac, du maïs et se couvrir d'arbres fruitiers.

Une autre partie du territoire est réputé propice à l'élevage et le sol se prête à toutes les cultures, on a planté de la vigne qui a admirablement réussi*, légumes et fruits poussent savoureux et en abondance mais la culture la plus productive qui pourra faire un jour une redoutable concurrence au Brésil est celle du café qui est exquis**.

Cependant, il s'agit avant tout de mettre les terres en état de produire et pour cela :
Ce ne sont pas les ouvriers des villes qu'il faut à la Nouvelle Calédonie, mais des ouvriers des champs, des laboureurs, des agriculteurs, de vrais colons.

Pour obtenir une concession il est du reste nécessaire :
         1/ d'être cultivateur ou d'avoir travaillé la terre,
         2/ de posséder un capital de 5000 francs.

Malgré tout, on peut aussi investir :
En effet, si l'on ne possède pas de connaissances agricoles on peut s'associer avec un agriculteur de profession honnête, capable, travailleur, qui ne possède pas le capital nécessaire.
Ainsi, doublé d'un homme de métier vous réussirez.

Pour se rendre sur place, pas de souci majeur, puisque :
Le transport de Marseille à Nouméa, sur des paquebots des Messageries Maritimes, est gratuit pour le Colon et sa famille, en 3ème classe (pas sur le pont), la traversée est de 40 jours environ.
Emporter le moins d'objets possible; se munir seulement des menus outils nécessaire à tout ouvrier.
On trouve les autres à Nouméa, dans de bonnes conditions.
Prendre tous ses vêtements, même les plus chauds (la température, de 16° en août, monte à 26°en février).

L'administration coloniale assure le transport de Nouméa jusqu'à la concession, où des cases sont préparées pour recevoir les nouveaux arrivants, et toutes les mesures sont prisent pour qu'ils puissent se procurer des vivres à bon marché.
Des planteurs choisis sont également envoyés par le gouverneur pour les mettre au courant, les aider de leur conseils et de leur expérience.

Les colons sont groupés par villages d'une centaine d'habitants.

N'est ce pas là une littérature propre à susciter des vocations ?

* On dégusta ce vin à l'exposition universelle de 1900 

** Une plantation de caféiers ne devient productrice qu'au bout de 3 ans

 

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