La France -
L'Espagne -
Empire
d'Allemagne -
Autriche -
Italie -
Pologne -
Angleterre -
Hollande ou
Provinces-Unies -
Danemark -
Suède -
Russie -
Turquie.
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Les Etats européens en 1610 :
La réforme protestante
avait profondément troublé l'Europe qui se trouvait, au dire de Sully,
"partagée en deux fractions politiques: la protestante et la romaine".
Les Etats catholiques étaient la France, l'Espagne, la
plupart des Etats de l'Allemagne du sud groupés autour de l'Autriche, les
Etats Italiens et la Pologne.
Les Etats protestants étaient l'Angleterre, les Provinces-Unies, le
Danemark, la Suède et la majeure partie des Etats du nord de l'Allemagne.
En dehors de ces Etats se trouvaient la Russie, dont
les habitants professaient la religion schismatique grecque, et la
Turquie, soumise à l'islamisme.
FRANCE :
La France jouissait d'une entière prospérité.
Les blessures que lui avaient causées les guerres de
religion avaient été fermées par la sage administration de Henri IV;
l'industrie, le commerce et l'agriculture avaient pris un développement
prodigieux; les finances étaient rétablies, l'armée avait reçu
d'intelligentes réformes.
Le roi était chéri de son peuple et redouté de
l'étranger; il était regardé comme l'arbitre de l'Europe.
L'abaissement de la maison d'Autriche ayant été le but
de sa politique extérieure, il n'avait pas hésité à soutenir les princes
protestants d'Allemagne, dans leurs querelles religieuses avec l'empereur.
Il s'était ainsi écarté de la politique traditionnelle
de la France qu'on avait toujours vue défendre les intérêts du
catholicisme.
Il était mort au moment où il se croyait sûr
d'atteindre son but; mais sa politique un moment abandonnée après lui,
sera reprise par Richelieu; la maison d'Autriche, dont l'ambition
compromettait l'indépendance de l'Europe, sera abaissée.
Malheureusement cet abaissement de l'Autriche amènera
la consolidation du protestantisme en Allemagne: et la France devenue
prépondérante verra plus tard se retourner contre elle les princes
protestants ses anciens alliés, le jour où sa puissance semblera
compromettre leurs intérêts.

ESPAGNE
Philippe III régnait en
Espagne depuis 1598. Ce prince, petit fils de Charles Quint, avait reçu de
Philippe II, son père, la plus vaste monarchie du monde.
Outre l'Espagne et le Portugal, il possédait en Europe une partie de
l'Italie, le Roussillon, la Franche-Comté, l'Artois et les Pays-Bas
catholiques ou la Belgique. Son empire colonial était immense.
Malgré cette apparente grandeur, l'Espagne était entrée
dans la période de décadence.
Sous Philippe II, la révolte des Provinces-Unies, les
expéditions du Nouveau Monde, les sommes dépensées pour soutenir en France
les troubles religieux, la destruction de la flotte espagnole, la fameuse
Armada, dans la tentative de descente en Angleterre, avaient abouti à
l'appauvrissement complet de l'Espagne.
L'opulence passagère qu'elle avait trouvée dans les
trésors de l'Amérique l'avait déshabituée du travail; elle ne savait pas
demander à l'industrie, à l'agriculture et au commerce le rétablissement
de la fortune publique.
Philippe III,
prince peu énergique, n'était pas homme à relever l'Espagne. Il laissait
tout le poids des affaires à son favori, le duc de Lerme, dont il avait
fait son premier ministre.
En 1609, les victoires des Flamands l'avait contraint à
signer une trêve de douze ans; c'était avouer sa faiblesse et reconnaître
l'indépendance des Provinces-Unies.
A la même époque, le Portugal et la Catalogne épiaient
le moment de secouer le joug espagnol.
La crainte de
la France, regardée comme l'adversaire née de la maison d'Autriche, avait
étroitement rapproché Philippe III de l'empereur d'Allemagne.
EMPIRE D'ALLEMAGNE
L'unité fédérative,
constituée au XVème siècle entre de nombreux Etats de l'Allemagne, avait
été complètement ébranlée par l'invasion du protestantisme.
Si la paix d'Augsbourg avait assoupi les querelles
religieuses, elles n'avait pu reconstituer le lien fédéral, et l'Empire se
trouvait partagé entre deux camps ennemis: les Etats catholiques d'un côté
et les Etats protestants de l'autre.
Sur les sept électeurs qui composaient le collège
électoral chargé de nommer l'empereur, quatre seulement étaient
catholiques: c'était l'archevêque de Mayence, celui de Cologne, celui de
Trèves et l'archiduc d'Autriche comme roi de Bohême; les trois autres, le
duc de Saxe, le comte palatin et le margrave de Brandebourg, avaient
embrassé la Réforme.
De même qu'il y avait deux camps, il y
avait aussi deux armées en Allemagne.
Les princes réformés s'étaient ligués entre eux, d'après les conseils de
Henri IV, et avaient formé contre les Etats catholiques et surtout contre
l'Autriche une alliance défensive qu'ils avaient appelée Union
évangélique.
Les princes catholiques, menacés par cette
organisation, avaient fondé une Ligue catholique.
Quand à l'armée impériale, elle ne
comprenait plus que des soldats de l'Autriche.
L'empereur Rodolphe II n'avait guère en Allemagne d'autre influence que
celle que lui donnaient ses Etats héréditaires.
Tout faisait donc pressentir un choc
prochain, dans lequel l'Autriche allait perdre son prestige dans l'Empire
et sa prépondérance en Europe.
AUTRICHE
L'Empire
était électif de droit en Allemagne; de fait il était devenu héréditaire
dans la famille de Hasbourg; car les archiducs d'Autriche avaient su
s'assurer depuis longtemps les votes du collège électoral.
En 1610, l'Autriche traversait une période difficile:
aux agitations religieuses s'ajoutaient pour elle des difficultés
politiques.
Rodolphe, empereur d'Allemagne, se trouvait en
lutte avec son frère Mathias, et s'était déjà vu enlever par lui le
gouvernement de la Hongrie et de l'Autriche.
Ces dissensions intestines, qui avaient
pour cause l'incapacité notoire de Rodolphe, paralysaient les forces de
l'Autriche.
Aussi Henri IV avait-il jugé que le moment
était venu pour l'attaquer. Elle fut sauvée par la mort du roi.
ITALIE
En Italie,
l'Espagne possédait le Milanais au nord, Naples, la Sicile et la Sardaigne
au midi.
Elle faisait sentir le poids de sa
domination aux autres petits Etats indépendants, tel la Savoie, les
républiques de Gêne et de Venise, et les duchés de Parme, de Plaisance, de
Mantoue, de Ferrare, de Modène et de Reggio.
Henri IV avait profité de leur haine commune des
Espagnols pour les détacher de l'Autriche, et en faire les alliés de la
France.
Rome, depuis le Concile de Trente, avait vu passer sur le trône pontifical
une série de papes illustres.
En 1610, Paul V, de la famille des
Borghèse, soutenait avec vigueur les prérogatives du Saint-Siège.
POLOGNE
La Pologne
ne s'était pas laissé entamer par la réforme protestante.
Depuis l'extinction de la famille royale
des Jagellons en 1572, la couronne y avait été déclarée élective.
En 1587, on avait élu pour roi
Sigismond III, de la famille de Wasa de Suède.
Ce prince régnait encore en 1610. La Pologne
touchait alors à l'apogée de sa grandeur.
Ses armées, sans cesse aux prises
avec les Suédois et les Russes, avaient acquis une réputation méritée.
En 1611, elle pénétrèrent jusqu'à Moscou,
ou Sigismond entra pour imposer à la Russie son fils Wladislas comme roi.
ANGLETERRE
Le
premier des Etats protestants était l'Angleterre.
Jacques Ier, de la maison des
Stuarts, y avait succédé en 1603 à la reine Elisabeth.
Un de ses premiers actes avait été de
signer avec l'Espagne un traité de commerce; mais Henri IV était venu à
bout de le détacher des Espagnols et de conclure avec lui un traité
d'alliance.
Il n'y avait guère à compter cependant sur
ce prince, au caractère indécis, qui commençait alors contre le Parlement
anglais la lutte funeste qui devait aboutir à faire monter à l'échafaud
Charles Ier , son successeur.
HOLLANDE ou PROVINCES-UNIES
Après
quarante années, les sept provinces unies des Pays-Bas, encouragées par
Henri IV, étaient venues à bout de faire signer le traité d'Anvers à
l'Espagne, qui leur accordait une trêve de douze ans et admettait ainsi
implicitement leur indépendance.
La jeune république s'était en même temps créé un
empire colonial qui comprenait Java, les îles de la Sonde et les côtes de
l'Australie ou Nouvelle-Hollande.
Sa flotte, qui avait battu celle de l'Espagne, était
réputée l'une des premières de l'Europe; sa renommée devait durer pendant
tout le XVIIème siècle.
En 1610, Maurice de Nassau était stathouder
ou chef de la république hollandaise.
DANEMARK
Christian IV, de
la dynastie d'Oldenbourg, avait succédé à son père Frédéric II sur le
trône du Danemark et de Norvège.
Il possédait en outre les provinces
méridionales de la Suède, l'Islande et le Groënland.
Son armée de terre était faible, mais sa
flotte dominait dans les mers du Nord.
SUEDE
Les
Suédois étaient un peuple guerrier.
Ils avaient déposé en 1604 leur roi Sigismond,
petit fils de Gustave Wasa, pour donner la couronne à son oncle Charles
IX.
Comme Sisgismond était en même temps roi de
Pologne, sa déposition avait été le signal d'une guerre longue et
sanglante entre les Polonais et les Suédois, guerre qui durait encore en
1611, à la mort de Charles IX.
Elle se poursuivit sous son fils
Gustave-Adolphe jusqu'en 1629.
Le Danemarck et la Suède étaient les appuis
naturels des princes protestants d'Allemagne.
RUSSIE
La
Russie, en 1610, était de peu de poids encore parmi les Etats européens.
Elle se trouvait en complète
anarchie. Le tsar Boris Godounof étant mort en 1606, le trône avait été
disputé par de faux Dimitri, qui se donnaient pour les descendants du tsar
Ivan IV.
De son côté, le roi de Pologne Sisgismond
III réclamait la couronne pour son fils Wladislas et était entré à Moscou.
La Russie, en proie à la guerre civile,
n'allait pas pourtant tarder à chasser les Polonais et à offrir le trône à
Michel Romanoff, le fondateur de la glorieuse dynastie qui a fait la
grandeur du peuple russe.
TURQUIE
Les Turcs possédaient en Europe toute la
péninsule des Balkans, la Grèce, le Péloponèse, la Thrace, la Macédoine,
l'Albanie, la Croatie, la Slavonie, la Bosnie, la Servie et la Bulgarie.
Ils occupaient toute la Hongrie centrale.
Le prince de Transylvanie se regardait comme leur vassal.
Après de longues années de guerre, la Turquie venait de signer la paix de
Stivatorok avec l'Autriche, qui cessait d'être astreinte à l'humiliation
de payer un tribut annuel au sultan (1606).
Toutefois, les Turcs inspiraient encore de vives inquiétudes aux nations
chrétiennes.
On prétend qu'il entrait dans les plans de Henri IV de les expulser
définitivement de l'Europe.
J.L. CHARLOT |