Les  almanachs  d'autrefois

 

Chaque fin d'année, nous recevons de toute part, des calendriers qui viennent nous souhaiter la bonne année, mais en connaissez-vous les origines ?

Autrefois il existait les almanachs (almanach : de l'article arabe al et de la racine grecque arabisée méné désignant la lunaison; calendrier lunaire, a pris ultérieurement, le sens de "livre de prévision astrologique").
Les Chinois, les Indiens, de même les Egyptiens les connaissaient; les inévitables Grecs et les immanquables Romains en faisaient une sorte de culte; l'Europe à travers les âges tenait en tout lieux, et par la bouche et par la plume des clercs, dans les couvents et les monastères des prédictions, des conseils et des recettes de tout genres.

Au moyen âge, on collait les almanachs sur les livres d'église ou on copiait sur les feuillets, puis vint l'imprimerie, et l'almanach fut le premier livre qui parut dans au foyer.
Les enfants y apprenaient à lire et les anciens n'entreprenaient rien sans l'avoir consulté.
Ils n'ensemençaient et ne récoltaient que sur l'avis de l'astrologue, tout ce qui s'y trouvait était pris pour parole d'évangile.
L'almanach, c'était le dieu de la maison; il en était aussi le médecin, le sorcier, le pilote.

Nostradamus, en France, semble être le créateur du genre. On parle encore des prédictions de Nostradamus; en vérité avec un peu d'imagination et beaucoup de bonne volonté, on arrive à lui accorder gain de cause ( et ce pour ma part, après en avoir lu de multiples traductions et interprétations).

Il existait à la fin du XIXième siècle sur le premier feuillet d'un manuscrit de l'Ecole de Médecine de Montpellier un almanach du Xième siècle, on lisait en tête de ce précieux manuscrit cette page d'almanach pour l'an 900 :
"Si les Kalendes de janvier tombent un dimanche, hiver chaud, printemps humide été et automne venteux; grain de bonne qualité; abondance de bétail; miel en suffisance; belle récolte en vins et légumes, les jardins donneront beaucoup. Mortalité sur les jeunes gens. Guerre en quantité. Querelles entre rois. Il y aura des batailles et de grands brigandages, et on apprendra du nouveau soit par le fait des rois, soit par le fait des princes.... et plus tard, la paix reviendra."
"Si les Kalendes de janvier tombent le deuxième jour, il fera un hiver ordinaire, fait de froid et de chaud, un printemps et un été tempérés, un automne extrêmement pluvieux. Il y aura des épouvantes maladies, les soldats en révolte et les grands en lutte. Les dames seront en deuil, et il y aura de grands désastres et les rois périront par le fer, et la mortalité sera grande et la vendange ne sera pas bonne, et les abeilles mourront."
"Si les Kalendes de janvier tombent le troisième jour, il fera un hiver long et vigoureux et un printemps très pluvieux et un été humide, un automne sec. Les blés seront chers; épidémie sur le bétail; fréquentes bourrasques; dangers pour ceux qui naviguent; il y aura surabondance de miel; le lin coûtera cher; beaucoup d'incendies; pestes fréquentes, meurtrières; il y aura surtout des légumes, les jardins beaucoup; il y aura surabondance d'huile; il y aura certains troubles chez les Romains, et des femmes mourront, et des rois périront, et on aura de la peine pour la vendange."
"Si les Kalendes de janvier tombent le quatrième jour, les grains seront pour rien, la vendange abondante; il n'y aura pas de fruits. Mortalité parmi les hommes; hiver chaud et rude; mauvais printemps humide; automne tempéré; crainte pour les blés, huile en abondance; soulagement pour l'estomac et les entrailles; il y aura disette en divers biens et on apprendra de nouveau; l'été sera bon et il n'y aura pas de miel."
"Si les Kalendes de janvier tombent le cinquième jour, le blé, l'huile et les fruits seront pour rien, et les légumes seront bons; les grains seront avariés; le lin coûtera cher; il n'y aura plus de quoi boire; pluies abondantes, et les rivières déborderont; hiver tempéré, printemps venteux; bon été et bon automne; et on aura la paix."
"Si les Kalendes de janvier tombent le sixième jour, il y aura un hiver favorable, un bon printemps, un mauvais été, un automne ces; il y aura du blé et de la vendange en abondance, ainsi que de l'huile; les ophtalmies seront nombreuses, des enfants périront; guerres, tremblement de terre. Et les rois seront en danger, et les grands erront en divers lieux, et on fera courir des bruits fâcheux sur le compte des princes, et les brebis et les abeilles mourront."
"Si les Kalendes de janvier tombent le septième jour, il y aura un hiver venteux, un printemps désagréable, un été variable, un automne sec et qui sera troublé par des tempêtes continuelles. Déchet sur les blés, mais les grains seront bons. Epidémie sur le bétail. Le lin sera cher. Les fièvres tiercs domineront et les hommes seront affligés de maladies diverse, et il y aura grande mortalité sur les vieillards."

Nous laissons à nos lecteurs, amateurs de recherches et de devinettes historiques et autres, le soin de fixer l'année du Xième siècle à laquelle a pu le mieux s'appliquer un des sept paragraphes dont se compose cet almanach.

Malheureusement, le Pape Grégoire XIII a, depuis le Xième siècle (c'était en 1581), cru devoir d'après l'avis de l'astrologue LILIO, donner un coup de pouce au temps qui marche. Il a de son propre mouvement décrété que le 4 octobre de cette année fantaisiste aurait pour lendemain le 15 octobre.
Notre vendredi n'est donc plus le vendredi des vieux almanachs, c'est l'histoire, année par année. C'est la guerre prédite, des fléaux à l'horizon, des épidémies à conjurer, toutes sortes de choses à l'ordre du jour habituel des temps anciens, et c'est aussi le compte rendu des faits principaux accomplis dans le cours de l'année.

Le Grand Almanach publié en 1706, représentant le tirage d'une loterie, désignée sous le titre de Loterie de Saint Roch, avait lieu le 10 novembre de l'année précédente.
Il s'agit d'une  gravure, une partie de la planche représente des hauts fonctionnaires, dont les noms y sont indiqués, et qui ne dédaignaient pas de prêter à cette solennité le prestige de leur présence.
Ce déploiement d'étiquette avait d'ailleurs pour but d'inspirer confiance à la foule et de témoigner de la sollicitude de la cour et des magistrats pour la misère publique qui était extrême.

A défaut de secours possibles pour tous, on cherchait à calmer les esprits en entretenant des espérances chez le plus grand nombre et en faisant retentir bien haut la joie des joueurs, très rares, que la fortune les avait favorisés.
A cette gravure étaient jointes les lignes suivantes :
Les loteries tirées par permission du Roy ont pour but le bien public, le soulagement des hôpitaux, l'édification des églises, et la sûreté de la ville de Paris contre les incendies.

Les Almanachs servaient bien à quelque chose et pour ceux qui ont un peu d'humour, il nous reste l'Almanach Vermot.

 

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