Les Scieurs de Long

 

Originaires de régions forestières, comme le Limousin, et des zones de montagnes, particulièrement l'Auvergne et le Massif Central, les scieurs de long, âgés de 15 à 50 ans, quittaient leur foyer par millier pour trouver du travail dans les régions les plus boisées.

Les départs s'étalaient de septembre à décembre, influençant les dates de mariages et de naissances.
Tous les hommes partaient par nécessité : hiver long et rigoureux, récoltes insuffisantes, charges et impôts, régimes successoraux, service militaire - nombreux étaient ceux qui préféraient déserter plutôt que de servir l'armée pendant de longues années.

Cette émigration était bien organisée : Un chef d'équipe "le patron", recrutait la main d'oeuvre lors des foires. Ce dernier se chargeait de toutes les démarches. Il remplissait les formalités privés, administratives et notariales.
Sous l'ancien régime, les curés rédigeaient des certificats attestant qu'ils étaient de bon catholiques (excluant les protestants et les hérétiques), de bonne moralité et porteur d'aucune maladie épidémique.
Il s'occupait également des trajets, de l'hébergement, de la nourriture et cherchait le travail.
A la fin de la campagne il répartissait les gains.

Chaussés de sabots neufs, habillés d'un pantalon en velours épais resserré à la cheville et de la traditionnelle blouse (biaude ou blaude), coiffés d'un grand chapeau de feutre à large bord ou d'un vaste béret, ils emportaient avec eux un simple baluchon et bien sûr les outils : hache, lime, chaînes, le passe partout et la scie à quatre mains.

Sur le chantier, en ville ils se regroupaient pour louer un garni, en milieu rural, bien souvent, ils se construisaient une "loge" faites de planches de branchages et couverte de motte de terre et d'herbe.
Leur campagne durait généralement de 8 à 9 mois, ils travaillaient 12 à 15 heures par jour s'accordant une demi-journée de repos par semaine, le dimanche après-midi.

Une équipe type était composée de 3 hommes :
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 le doleur : écorçait, équarrissait et traçait les lignes de coupe.
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le chevrier : grimpé sur le tronc portant des chaussettes renforcées de chanvre pour se protéger du froid et des échardes, guidait et remontait la scie.
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 le renard : coiffé de son chapeau pour se protéger les yeux de la sciure, sciait la scie mordant le bois en descendant.
La rapidité du geste dépendait de ce que l'employeur offrait pour accommoder le repas (lent : 1 hareng pour 3, plus rapide : 1 hareng pour 2, encore plus rapide : 1 hareng par personne).

Le grand retour s'effectuait autour de la Saint Jean d'été. Mais tous ne rentraient pas... beaucoup décédaient ou d'autres, trouvant l'âme soeur, s'installaient définitivement sur leur lieu d'émigration.
De retour au pays le scieur de long troquait ses outils à bois pour des outils agricoles pendant une période de 4 mois environ.

L'industrialisation et l'utilisation de nouvelles énergies ont entraîné la disparition de ce dur métier après la seconde guerre mondiale.


La peine de ces hommes était confirmée par ce dicton :
" Aucun scieur de long ne va en enfer, il l'a connu sur terre"

Source : La grande histoire des scieurs de long.  Annie ARNOULT

                                                                                                                

 

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