Vus par le poète Gabriele d'Annunzio (1) |
" Avais-je projeté d'écrire un livre dans ma langue d'exil, amère et éternelle comme la résine, là-bas, parmi les forêts de pins, le long des dunes sinueuses où le sable semblait se mélanger à une poussière nacrée ?." |
" Me
voici dans une petite Gare qui porte le nom d'un maréchal, d'un érudit,
d'une aventurière célèbre : Lamothe. Je suis seul, dans l'ennui de
l'attente indéfinie. (2)
" Je marche le long des rails. Est-ce que je cherche le noeud de
Salomon ?. " Quelques femmes tiennent un filet, un sachet en tricot. [... ..]quelle peine me font ces mains velues, quelques-unes malades et couvertes de plaies, d'autres tordues et usées comme des masses. Cinq ou six porteurs poussent une voiture noire comme un cercueil. L'un d'entre eux [...] se penche vers son camarade...il lui dit queque chose de drôle ou d'odsène. L'autre éclate de rire. Toute la chaîne rit, avec différentes expressions et une grossièreté empoisonnée par l'eau-de-vie"
" Un groupe d'ouvriers s'avance sur le trottoir, leurs bérets aussi ont
la forme de leurs crânes, mais avec quelque chose du morion, d'une
calotte. Ils portent des pantalons de velours serrés aux chevilles et des
ceintures rougeâtres, leurs visages poussiéreux semblent tailladés par le
sourire des dents, l'insolence singe la révolte. " Les trains "rapides" traversent l'humble gare (4) avec un fracas superbe, sans s'arrêter, bourrés de gens pressés;.. "
" Au fond d'une tonnelle recouverte de petites roses jaunes il y a une
courette sale, où s'accumulent de vieilles caisses. La ménagère prépare le
repas sous un chapelet d'oignons." " Et je continue de vivre, dans l'étude, dans la volupté, dans le mépris : à la fois plus monstrueux que le monstre et aussi linaire que la perfection. " |
(1) Gabrielle d'Annunzio poète italien 1863-1938 a séjouné en France entre 1910 et 1915 avec de longs séjours à Arcachon, afin d'échapper à la fois à ses créanciers et à ses Amours parisiennes tumultueuses. Il repart pour l'Italie le 3 mai 1915. Dans sa retraite du Moulleau il écrit : "La leda sans cygne" et "La contemplation de la mort" ainsi que 3 pièces de théatre dont "Le martyre de Saint Sébastien". (2) Lors d'un voyage de retour de Paris, en 1912, G. d'Annunzio est containt de faire halte à Lamothe afin d'attendre sa correspondance pour Arcachon. (3) Coiffure des pharaons. (4) " La gare de Lamothe est actuellement une des plus considérables de la ligne. Le bâtiment principal dans lequel sont les bureaux, les salles d'attente, le poste télégraphique est d'une élégance gracieuse. Les six petits chalets rangés derrière ce bâtiment servent à loger le personnel assez nombreux employé dans cette gare". Oscar Déjean (Arcachon et ses environs 1858).
Bibliographie :
Albert Londres : d'Annunzio conquérant de fiume |