Le  Pain  de  Marie  BOUZATS

 
 

Marie avait pourtant l'habitude de se lever de bonne heure mais, ce matin là comme trois fois chaque mois elle s'éveilla dès potron minet car c'était jour de boulange
Marie se leva donc après avoir rabattu draps, couverture et édredon afin de conserver la chaleur de son lit, elle fit une toilette rapide et se dirigea vers la souillarde qui est chez nous la pièce des gros travaux ménagers ! lessive, charcuterie, conserves, confitures et surtout confection du pain.

 

Le couvercle de la maie enlevée, Marie y versa une belle quantité de farine et quelques poignées de sel. Puis, elle alla quérir un sceau d'eau au puits situé sur l'airial.
La terrine de levain conservée à l'endroit le plus tempéré de la maison fut aussi apportée près de la maie. Alors avec des han ! de bûcheron Marie commença à pétrir la pâte.
Ce travail harassant achevé, elle forma ses quatre tourtes qu'elle déposa dans des paniers ronds que nous appelons " mières " revêtus de grand torchons de lin.
Ces " mières ", elle alla les placer au chaud dans son lit afin que le levain fasse " pousser " la pâte. La maie nettoyée il s'agissait alors de préparer le four situé dans le courtil derrière la maison.

Quelques fagots de bruyères brûlés à même la sole du four suffisaient à chauffer toute la maçonnerie. Le four chaud, le pain levé, on pouvait procéder à la cuisson. Encore fallait-il s'assurer que ce four soit à bonne température.
Pour cela, Marie avait sa méthode : Elle piquait sur sa pelle de bois quelques épis de seigle prélevés sur une gerbe de paille. Ces épis introduits dans le four devaient prendre une chaude teinte dorée - Le four trop chaud les épis noircissaient comme charbon; pas assez chaud ils restaient trop pâles.
Cette vérification effectuée, Marie balayait la sole puis enfournait ses tourtes mais seulement ses tourtes et cela tous les enfants du voisinage le savaient.
Aussi ils n'étaient pas loin car, bien avant que les grosses tourtes soient cuites Marie donnait à chacun la " coque " : c'était un petit pain que l'on ouvrait en se brûlant un peu les doigts car l'usage du couteau aurait à coup sûr fait rater la fournée (c'est du moins ce que Marie croyait, ou, peut-être faisait-elle semblant d'y croire ?).
Ces petits pains fourrés de beurre ou de quelques cuillerées de confiture étaient tout simplement DELICIEUX.
Merci Marie nous t'embrassons.
 

Généalogie agnatique des BOUZATS
 

Antoine  BOUZATS

Antoine  BOUZATS

Simon  BOUZATS

Pierre  BOUZATS

Jean  BOUZATS

Albanie  BOUZATS

X  10.02.1756

X  13.05.1805

X  28.11.1830

X  22.06.1866

X  07.05.1899

 

Jeanne  DOURTHE

Catherine  DARMUZEY

Jeanne  DEUS

Marie  FOURTON

Marie  DUPUY

Jean-Gabriel  CANDRESSE
 

Guy  CANDRESSE
Adh.  97189
 

Notes :
A la mémoire de ma grand-mère Marie BOUZATS née DUPUY. Le pain évoqué ici est le pain de seigle, il était de couleur bise et de structure assez compacte. Il se conservait plusieurs jours. Les pénuries de la guerre l'avait remis au goût du jour.

Airial : C'est un vaste espace de prairie planté de chênes qui entoure les fermes landaises.

Mières : Ce sont les corbeilles rondes pour recevoir le pain avant sa mise au four. Elles sont faites d'une spirale d'aougue qui est la grande molinie, herbe de nos forêts, la spirale est " cousue " avec de l'écorce de roncier.

 

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