Avant la Révolution, n'ayant pas
d'église, Arès faisait partie de la paroisse d' Andernos.
La Révolution créa les communes qui étaient en général les anciennes
paroisses.
Arès fut tout naturellement rattachée à la commune d'Andernos.
Les Arésiens de nature indépendante, évolués, supportaient mal cette
situation.
En 1847 ils commencèrent par construire de leurs propres deniers une
modeste chapelle en bois « la chapelle de secours » ouvrant la voie à
l'indépendance (accordée par une loi de 1851, Louis Napoléon
Bonaparte, Président de la République).
Dix-sept ans plus tard était posée la première pierre de l'église
Saint-Vincent de Paul qui sera construite sur la place "
aux cinq
branches ", où convergent:
" le chemin de Lège"
(aujourd'hui, rue du Général De Gaulle),
"Le grand chemin de
Bordeaux "(aujourd'hui route de
Bordeaux),
"le chemin d'Andernos "(aujourd'hui,
avenue de la Libération),
" le chemin du port de pêche " (aujourd'hui
avenue de la Plage),
"la grande passe des prés salés" (aujourd'hui
rue du port ostréicole).
La première pierre a été posée en
1868.
Un parchemin enfermé dans une bouteille cachetée placée sous le premier
pilier de l'abside côté sud commémore l'événement.
En 1873 l'église encore inachevée était ouverte au culte.
L'église et le clocher terminés furent bénis en 1878.
L'ÉGLISE: est inspirée de l'art roman. Elle est construite en
pierre dure de Saint-Savinien (Charente-Maritime) qui fut amenée
par bateaux jusqu'au port d'Arès puis transportée à pied d'œuvre par des
attelages de bœufs. Sa superficie est de 800 m2. Erigée sur un sol peu
élevé (5 m767 seulement au dessus du niveau de la mer) il fallut
créer un soubassement par apports de terre et de gravillon.
Elle est orientée vers l'Est vraisemblablement vers le point du lever du
soleil à la date du 27 septembre, fête de la Saint-Vincent.
Le VAISSEAU: qui constitue l'église est
divisé en cinq travées délimitées extérieurement par des contreforts
plats. Il se compose de trois nefs (Trinité), une nef centrale
d’une belle envolée et deux nefs latérales moins élevées largement
ouvertes par des arcades moulurées.
LE CLOCHER construit après l'église est
en saillie sur la 1 façade ouest du bâtiment.
Il s'élève au dessus d'un porche exhaussé de quatre marches largement
ouvert sur trois de ses faces par des arcades en plein cintre soutenues
par des groupes de quatre ou cinq colonnes reposant sur des bases
sculptées et ornées de chapiteaux variés. La voûte est faite des mêmes
pierres blanches de Saint-Savinien que celles dont est bâtie l'église.
Le premier étage du clocher est éclairé sur chaque face par une double
rangée de très hautes et étroites fenêtres grillagées comme celles de
l'édifice tout entier qui présente dans son ensemble une grande unité.
Les fenêtres les plus élevées moins grandes que celles de dessous sont
fermées par des abat-son.
Toutes sont agrémentées de jolies colonnes à deux étages.
Le tout est orné aux quatre coins par des clochetons pyramidaux et porte
dans une arcature appropriée le cadran d'une pendule aujourd'hui
électrifiée qui sonne sur une des quatre cloches les heures officielles.
LES CLOCHES: Le
second étage du quadrilatère du clochera reçu quatre cloches qui
constituent le carillon: "Rachel" baptisée en mémoire de l'épouse du
donateur Henri Armand Gabriel de Courcy, "Maria Marie", "Catherine",
donnée par les enfants d'Arès. on ne connaît pas le nom de baptême de la
quatrième, qui venant d'Andernos aurait été refondue à Bordeaux. Les
quatre cloches ont été baptisées en 1877. Une plaque en marbre noir,
commémore le nom de la donatrice de "Rachel".
Une belle flèche octogonale s'élève à 50 mètres dans le ciel et se
termine par un paratonnerre et une croix métallique de huit mètres de
hauteur.
On pénètre dans l'église par un
portail roman, fermé par un portail à deux vantaux en chêne massif
portant sur des ferrures impressionnantes.
Dans l'entée, les bénitiers sont fait de deux coquilles de tridaene, un
coquillage géant originaire des tropiques. On retrouve les mêmes en
l'église Saint Sulpice à Paris, offerts par François 1er qui lui même
les tenait des Vénitiens.
LES VITRAUX: L'église
présente un coup d'œil agréable par ses dimensions et sa clarté. Des
vitraux du maître émailleur Raymond Mirande éclairent les ouvertures.
En commençant par le latéral gauche, dans le premier ventail les
"poissons"(vitrail1) qui montent et descendent, se croisent et se
superposent, évoquent le Bassin et métaphore la profondeur de l'âme. La
marche vers le cœur est rythmée par cinq verrières qui nous font passer
de l'Ancien au Nouveau Testament. Ici, le serpent sinueux et tentateur
chuchote à l'oreille d'Eve, là, on pénètre dans le jardin d'Eden, d'un
vert absolu, éternel. Puis l'Ange, sous sa grande voilure d'ailes,
annonce la naissance. Apprenant la bonne nouvelle, les bergers dansent.
Leur joie est si profonde que les corps se confondent et que les bras
lancés jusqu'aux étoiles. Puis c'est la Nativité. Marie protège l'enfant
tourné vers l'autel (vitrail 3).
Le cœur est composé de neuf vitraux en sept fenêtres.
Deux anges gardent l'entrée de la Jérusalem céleste, leur visages sont
tournés vers le vitrail central qui les éclaire. Jérusalem. Ses portes,
ses murailles, ses escaliers évoqués en cinq plans qui ignorent la
perspective classique. Les quatre éléments sont évoqués dans les deux
vitraux suivants qui encadre les trois oiseaux blancs immaculés de
Sainte Trinité. L'Eau, l'Air, la Terre et le Feu brassent la lumière en
tout sens, d'un coté dans une danse incessante, de l'autre dans une
musique des sphères.
On termine le tour du cœur par deux œuvres directement inspirées de
l'Apocalypse. "Il m'a montré un fleuve de vie, une
eau resplendissante", "Quatre
animaux plein d'yeux, le premier pareil à un lion, le deuxième pareil à
un taurillon, le troisième avec une sorte
de face d'homme et le quatrième pareil à un aigle qui vole".
La Pentecôte (vitrail 2), l'Ascension, la Résurrection, la
Crucifixion et Résurrection de Lazare sont évoquées sur le bas
coté et la façade Sud. Ici les larmes de feu brûlent sur la tête des
apôtres, là, le Christ dominant la pyramide de ses disciples monte vers
les hauteurs. Puis sa flamme brille au dessus du tombeau où un crâne et
des os crépitent. Les épines transpercent le Sauveur. Les saintes
femmes, Jean, pleurent. Enfin les bandelettes du linceul de Lazare
couvertes de flammes et de bourgeons, encadrent les deux ressuscités
face à face.
Les quadrilobes de la haute nef nord évoquent successivement, l'Offrande
(un bouquet de simples anémones), l'Agate bleue dont les veines
minérales ressembles aux arcanes de nos âmes, l'Oiseau de nuit, éloge de
l'esprit qui voit tout dans les ténèbres, puis la Colombe, et la Rose
mystique, au dessus du vitrail de la Nativité: Parfum, beauté, lumière,
la Vierge elle même.
Ceux de la haute nef sud. Soleil et lune, sont l'homme et la femme
fusionnant en un seul visage androgyne né de leur rencontre amoureuse.
Le soleil, masculin est convexe. La lune concave est féminine. Le Cerf
dont les bois se renouvellent chaque année, est l'invitation à devenir
un être neuf, la Licorne, la pureté. Le tour de ces quadrilobes se
termine par les Astres, cristaux volants que la musique irrigue et par
un Arlequin à la Croix qui rappelle le Crist de la passion.
Les VOUTES reposent
sur des quadruples colonnes cylindriques puissantes jumelées entre elles
sur des bases sculptées et surmontées de chapiteaux élégants comportant
des motifs floraux stylisés.
La voûte du cœur est composée de dix parties (le chiffres 10
symbolise la perfection).
Les cinq premières évoquent l'Esprit ( en Grec 5 = penta. d'où
Pentecôte).
la suivante avec les cinq premières, les six jours de la création, les
quatre suivantes la création (le chiffre 4 = matière).
Dans les CLEFS DE VOUTE
est sculptée l'histoire de l'église, mais compte tenu de la hauteur, on
ne peut la déchiffrer qu'à l'aide de paire de jumelles.
En partant de l'entrée vers le cœur on compte sept clefs (les six
jours de la création plus le jour de repos du Seigneur). 1)1)
- Au dessus de la tribune, une échelle, le rouleau de plan de l'édifice,
une masse, une équerre et autres instruments du maître d'œuvre et le nom
du chef de chantier: "operis conductor est
Fontenot".
2) - Compas, équerre, plan , représentation
des instruments et nom de l'architecte: "architectus
Hosteing".
3) - Un aigle couronné d'une tiare: "Templier
major communitatif" (référence au premier magistrat de la cité).
4) - Un autel, une étoile, un calice,
l'ensemble couronné de branchages sur un tronc commun, l'inscription: "Josephus
Ella Papin eccl. Ares Rector 1870" (sont
la mémoire du premier curé de la paroisse).
5) - La suivante semblable, comporte une
inscription différente rappelant qu'auparavant Arès dépendait de la
paroisse d'Andernos: "Johanes batista meuny eccl.
Andernos Ares" .
6) - La sixième clef (première partie de
la voûte du cœur) représente les armoiries et la devise de
l'Archevêque de Bordeaux consécrateur Mgr Donnet: "Omnia
suaviter ad finem fortinen" (toute chose jusqu'à la limite
résolument mais sans empressement).
7) - La dernière clef, figure les armoiries
du Pape Léon XIII.
Les voûtes des deux bas-côtés comportent toutes des clefs.
La
première à gauche, présente un soleil tournoyant "la
lumière sort des ténèbres" (du nord).
Toutes
les autres sont des roses simples ou doubles au nombre symbolique de
pétales.
Après la baptistère, trois pétales: Le
baptême permet l'accès à la Sainte Trinité.
Au dessus de l'autel de la Vierge: huit pétales,
nombre christique par excellence incarné par Marie.
Dans le bas-côté sud (le soleil au zénith) les roses ont soit
quatre pétales (la matière manifestée),
soit six pétales (l'équilibre
réalisé grâce à la lumière, c'est à dire Dieu - Saint Jean).
Comme dans toute les cathédrale traditionnelle est une référence à la
beauté de la mère divine, à la coupe qui recueille le sang du Christ, à
la Rédemption.
Les
ORNEMENTS. Comme hélas dans beaucoup d'églises la plupart des
ornements ont disparus.
Dans les FONDS BAPTISMAUX,
la vasque est forme de coquille circulaire et la colonne qui la supporte
sont en marbre rouge, l'ensemble reposant dans une embase carrée. Le
couvercle métallique couvrant la vasque comporte une poignée curieuse:
un octogone supportant de très nombreux grains. Chez les premiers
Chrétiens les baptistères étaient octogonaux, et l'ensemble des grains
fait penser à une grenade symbole de fécondité et des perfections
divines selon Saint Jean de la Croix.
On remarque une statut de Jeanne d'Arc.
Un tableau représentant une femme en prière sur une tombe, face à la
mer.
Une
Piéta représentant la Vierge éplorée tenant son fils mort sur les
genoux.
Quatre
plaques en marbre à la mémoire des morts de la guerre 1914/1918.
Sur le
mur nord un tableau représentant Sainte Thérèse de Lisieux.
Les
deux colonnes d'albâtre Empire qui ornent l'AUTEL DE LA VIERGE
proviennent du château Dupuy (route d'Andernos, ancienne
mairie, aujourd'hui maison de la culture).
La
statut de la Vierge, en bois, provient du couvent des sœurs.
Le MAITRE AUTEL en
pierre est moderne (Prévot architecte). Les marches sont en
pierre pleines, le carrelage en terre cuite, le Christ en croix est en
bois sculpté.
A droite, à l'extrémité de la
NEF SUD, des ornements qui ont échappés à la dispersion.
Un
Saint Antoine de Padoue.
Un
Saint Vincent de Paul, patron de la Paroisse et Notre Dame de Lourdes.
Sur le
mur, une belle reproduction d'une célèbre icône byzantine qui se trouve
à Rome, Notre Dame du Perpétuel Secours.
On remarquera l'étoile à huit branches sur le voile de la Vierge, ainsi
que les deux anges, l'un tenant la lance et l'éponge, instruments de la
Passion l'autre une croix patriarcale, et une belle peinture ancienne
représentant Saint Vincent de Paul, de la même facture que celle qui lui
fait face sur le mur nord.
La
TRIBUNE spacieuse, sur voûte, carrelée, est
limitée par une belle balustre en fer forgé, œuvre d'artisans locaux,
les frères Brisson. |