I- La vie quotidienne de l’art : les mutations
institutionnelles
A) Crise de l’Académie royale de peinture et de
sculpture
L’Académie est le centre de la vie artistique
française depuis 1666, au début, l’esprit de liberté des artistes les
fait échapper à la lourde réglementation des métiers. Il faut assurer
aux artistes, un statut social plus élevé et permettre aux débutants
d’apprendre leur métier dans de bonnes conditions, l’Académie comptait
de 80 à 100 membres, répartis dans une hiérarchie. Il y a les offices
(une cinquantaine), les simples académiciens, les agréés (membres
correspondant). Cette Académie doit former les jeunes talents, elle a
une pédagogie propre. On apprend à dessiner, dessin d’abord d’après
l’antique (statues, …), ensuite, d’après les modèles. Il y a des
concours trimestriels, qui récompensent les meilleurs élèves, une fois
plusieurs concours passés, le jeune artiste prépare le Grand Prix
(peinture) qui permet de voyager à Rome. L’Académie est placée sous la
surveillance du surintendant des bâtiments. Quel est l’intérêt
d’appartenir à l’Académie ? En premier lieu, il y a la satisfaction
morale, mais cela ouvre aussi des portes, l ‘Académie a le monopole des
commandes royales, permet l’accès au Salon, qui est une manifestation
régulièrement organisée depuis 1740 à Paris, il reçoit des milliers de
visiteurs, c’est un vecteur publicitaire, les peintres ont la certitude
d’y vendre des toiles. Le problème vient du fait que le Salon est fermé
aux non-académiciens, et seuls y ont accès, parmi les académiciens, les
officiers, d’une façon pleine et entière, pour les autres membres de
l’Académie, les non-officiers et les agréés, il y a des restrictions.
Lors de se Salon, un jury composé d’officiers examinent les tableaux.
L’Académie fait l’objet de critiques de la part de ceux qui n’en sont
pas membres.
Sous la Révolution, cela va changer grâce à de
jeunes artistes comme Jacques-Louis David.
B) Jacques-Louis David
IL est né en 1748 (meurt en 1825) d’un père,
marchand-mercier, tué en duel quand David a neuf ans. Le talent de
celui-ci est vite repéré, il suit des études sous la direction de Vien,
il entre à l’Académie comme élève, il concourt trois fois au prix de
Rome, ce sont trois échecs. En 1774 il le remporte enfin et part à Rome.
Au contact de grands maîtres, sa personnalité de peintre s’affirme. Il
rentre en France et obtient vite le succès avec en 1785, " Le serment
des Horaces ", en 1787, " La mort de Socrates ", en 1788, le portrait de
Lavoisier et de sa femme, en 1793, " Marat assassiné ". Il prend la tête
de la révolte contre l’Académie. David a compris, tout comme Restout,
qu’il fallait prendre l’offensive contre l’Académie. Ils ont obtenu la
suppression de celle-ci et la possibilité d’exposer au Salon.
II- Les productions
Dans cette période, où l’histoire est constamment
en marche, on pourrait penser que la peinture d’histoire va occuper le
premier rang. On peut penser aussi que l’Antiquité et ses moments
héroïques vont envahir la peinture. Il n’en est rien, et c’est un
paradoxe, car la peinture d’histoire est quasiment étouffée. Ce qui
domine, c’est la peinture de genre, peinture de la réalité quotidienne.
Une étude, à partir des catalogues, a recensé 3078
tableaux de 1789 à 1799, seulement 147 sont des tableaux historiques, le
reste étant des scènes de genre, car un peintre ne peint que ce qui se
vend bien. Il y a eu néanmoins quelques tableaux, Simon peint des toiles
dont les sujets sont tirés de l’histoire du Moyen Age, Suvée peint
l’amiral de Coligny pendant la Saint Barthélemy. David reste le plus
connu, ses sujets sont issus de l’actualité.
Ce qui l’emporte, c’est le portrait, c’est un
genre qui rapporte beaucoup, il est affectionné par les femmes peintre
comme Madame Vigée-Lebrun ou Madame Labille-Guiard. Ducreux peint un " Boissy
d’Anglas " président la séance de la Convention le 20 mai 1795, jour
d’émeute où le député Ferraud est tué et a la tête tranchée.
Le paysage en peinture est un genre qui va
triompher et dominer durant le XIXe siècle. Il commence son assaut sous
la Révolution, un grand nombre de peintre peignent des paysages pendant
la Révolution, ces peintres continuent de travailler comme par le passé,
le paysage est recomposé en atelier ou recopié d’après des tableaux déjà
existants. Sous la Révolution et l’Empire, des peintres comme P.H. de
Valenciennes plantent leur chevalet dans la nature. En 1800,
Valenciennes conseille à ses élèves de faire le voyage dans les
Pyrénées, " c’est la que vous devez aller étudier la nature et peindre
ses mouvements ".
La peinture de genre tient aussi bien au portrait,
qu’au paysage, elle a un grand succès auprès de la bourgeoisie. Deux
peintre, Drolling et Boilly vont s’illustrer dans ce type de peinture,
Drolling en 1795 peint un tableau représentant un jeune femme donnant la
liberté à un oiseau, et un autre, où une jeune fille est assisse à une
croisée de fenêtre en jouant de la guitare. Ce genre de peinture
continue de triompher tout au long de l’Empire.
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