La noblesse rurale

Au début du XVIIe siècle, la situation avait bien changé pour la noblesse. La défiance du roi et la centralisation du pouvoir avaient opéré un véritable clivage de la noblesse, divisée en une noblesse de cour, flattant le roi pour obtenir ses faveurs, et une noblesse rurale, héritière d'une féodalité décadente, et dont la situation devait aller en se dégradant jusqu'à la Révolution.

Le hobereau

Le sommet de la société rurale était occupé par les gentilshommes campagnards, ou hobereaux. Mais ces nobliaux de village avaient plutôt mauvaise réputation pour les gens de la cour. Leur pauvreté relative, leur ignorance, la rusticité de leurs mœurs, leur retard sur les modes de la ville, en faisaient une cible privilégiée des écrivains et des chroniqueurs. Malgré cette réputation, ils n'en jouissaient pas moins d'une écrasante supériorité sociale par rapport aux manants et aux habitants de leur village. Il convient cependant de noter que les véritables notables du village étaient les gros laboureurs dirigeant une exploitation importante et les représentants de l'autorité seigneuriale (lieutenant de la prévôté, receveur de la seigneurie, procureur fiscal, tabellion). En fait, le seigneur rural n'était plus, sur ses terres, qu'un "premier habitant" que des immunités et des privilèges séparaient et isolaient des autres.

Les paysans payeurs

Cette noblesse rurale pesait de plus en plus lourdement sur les paysans. Car, aux droits seigneuriaux s'ajoutèrent, au XVIIIe siècle, les droits royaux comme la taille, la capitation, les vingtièmes, les corvées, les gabelles, les aides, les droits de justice et bien d'autres. Le paysan payait donc deux gouvernements, l'un féodal - qui ne rendait plus aucun service, alors que deux siècles auparavant le noble protégeait encore son paysan - et l'autre monarchique, qui se chargeait de toutes les affaires. Après 1760, le seigneur chercha à accroître ses revenus. Aidé de juristes, il remit à jour de vieux droits tombés en désuétude mais imprescriptibles. Tous ces sacrifices imposés aux paysans furent de plus en plus mal supportés. Mais, à partir de 1770, les mauvaises années aidant, le mécontentement se transforma en haine. Et, alors qu'à Paris la noblesse de cour, dans une complète inconscience, "préparait" la Révolution, dans les campagnes, les seigneurs contribuaient à nourrir la colère générale qui allait éclater quelques années plus tard.

Témoignage

"Le noble de province (est) inutile à sa patrie, à sa famille et à lui-même, souvent sans toit, sans abri et sans aucun mérite."

La Bruyère

 

 

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