La noblesse de robe

La bourgeoisie, notamment sous Louis XIV, donna naissance à la noblesse de robe, dont le pouvoir grandissant reposait principalement sur la puissance de l'argent. Elle allait même occuper les principales charges du royaume, aux dépens de la noblesse.

L'accession à la noblesse

Louis XIV, en écartant du Conseil d'En Haut les membres de sa famille, les princes du sang, tous ceux dont la naissance et l'orgueil pourraient diminuer la docilité, ouvrit les portes du pouvoir à des gens "de pleine et parfaite roture". Car les charges au Parlement pouvaient procurer un anoblissement et les bourgeois pouvaient désormais non seulement acheter ces charges mais encore les transmettre par héritage. La noblesse d'épée n'avait plus qu'un rôle honorifique, la noblesse de robe détenait et exerçait un pouvoir réel. A côté de la bourgeoisie des marchands (négociants, banquiers, etc.), la "robe" joua un rôle prépondérant dans la société française. Elle était constituée de bourgeois de professions libérales, d'officiers de justice et de finances, et les, charges publiques devinrent presque sa chasse gardée. La "grande robe" comprenait les conseillers d'État, les titulaires de hautes charges au Parlement. La "moyenne robe" exerçait surtout en province, dans des fonctions de conseillers des parlements provinciaux, de lieutenants de baillage ou de sénéchaussée. Enfin, la "petite robe" était celle des avocats, des notaires, greffiers et autres procureurs.

Alliée puis ennemie de la monarchie

Tout naturellement, la bourgeoise, par la noblesse de robe, s'allia à la monarchie contre la noblesse indocile, avant de précipiter sa chute sous Louis XV. Elle eut une influence de plus en plus grande sur l'évolution des mœurs et sur les structures sociales, occupant les principales charges du royaume. Même au plus haut niveau de l'administration, les intendants, les conseillers, les secrétaires d'État et les ministres étaient presque tous issus de la bourgeoisie. Les maîtres de l'État étaient des financiers; leur fortune leur avait permis d'acheter leur charge et d'être anobli, et leur charge accrut encore leur fortune, tandis que le Trésor se ruinait en dépenses militaires. Détestée par le peuple, qui vivait dans des conditions misérables, la noblesse de robe était méprisée par la noblesse. La haine des classes s'intensifiait.

Témoignage

"Si certains morts revenaient au monde, et s'ils voyaient leurs grands noms portés, et leurs terres les mieux titrées, avec leurs châteaux et leurs maisons antiques, possédées par des gens dont les pères étaient peut-être leurs métayers, quelle opinion pourraient-ils avoir de notre siècle ?"

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