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La population française

Des hauts et des bas

Jules César évaluait la population de la Gaule à 10 millions, ce qui semble exagéré. En reprenant les chiffres avancés pour les différentes tribus gauloises, la plupart des historiens arrivent à 6 ou 7 millions. Les invasions des Barbares (quelques centaines de milliers) provoquèrent tant de ravages que la population de la Gaule tomba à 3 millions.

La renaissance démographique commença sous les Carolingiens, surtout le long de la Meuse, de la Moselle et du Rhin. La population se montait à quelque 8 millions d'âmes sous Charlemagne. Il faut noter que la contraception et l'avortement, très répandus dans l'Empire romain, avaient continué en Gaule (l'Église y fait souvent allusion). En l'an 1000, dans la région de Mâcon, sur quarante-deux familles, douze seulement avaient trois enfants. Au XIIe et au XIIIe siècle, cependant, l'essor démographique s'affirme: les Français sont 13 millions en 1300. Ils sont 15 millions au début de la guerre de Cent Ans, alors que l'Angleterre ne compte que 3 250 000 habitants. Mais, à la fin du XIVe siècle, la France est revenue à 13 millions, ce qui ne l'empêche pas d'être, et de loin, le pays le plus peuplé d'Europe (elle ne sera dépassée par la Russie qu'à la fin du XVIIIe siècle). L'accroissement de la population reprend aux XVe et XVIe siècles. En 1650, elle est passée à 21 millions d'habitants, représentant 20% de la population européenne. Après un léger recul à la fin du siècle (Vauban, en 1707, indique le chiffre de 19 millions seulement) et sous la Régence, elle reprend sa croissance et atteint 27,6 millions en 1789 (entre-temps, il est vrai, la France a acquis la Lorraine et la Corse), mais la population française a déjà tendance à croître moins vite que celle des autres grandes puissances. Ce mouvement ne fera que s'accentuer. En 1800, elle ne représente plus que 15,7% de la population européenne. Le recensement de 1821 indiquera 29 462 000 habitants. Cette population est jeune: 50% des Français ont moins de 19 ans (le phénomène de vieillissement commencera à se produire, comme dans tous les pays industrialisés, dans la seconde moitié du XIXe siècle). En 1850, la France a 35 402 000 habitants. Elle est désormais distancée non seulement par la Russie, mais par l'Angleterre. En 1900, avec ses 39 millions d'habitants, elle n'entre plus que pour 9,7% dans la population européenne. La natalité ne cesse de baisser jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elle remontera ensuite, mais se maintiendra à un taux relativement faible avec une moyenne annuelle de 800000 naissances. De 41,5 millions d'habitants en 1936, la population passera à 45,1 millions en 1959 et à 51 millions seulement (dont 3 millions d'étrangers) en 1971. De 1801 à 1971, elle aura augmenté de 90% contre 179% en Italie, 225% en Grande-Bretagne et 457% en Allemagne.