L'inscription maritime |
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Une mesure d'ordre et de justice Jusqu'au XVIIIe siècle, le recrutement des matelots de la marine royale se fait au détriment de la marine marchande. On enrôle en effet les matelots selon le système dit de la «presse»: les recruteurs embarquent de gré ou de force des marins de navires marchands. Ce système est odieux aux matelots, pris au hasard, et on doit parfois fermer des ports et empêcher les vaisseaux marchands d'appareiller pour compléter les équipages des navires de guerre. La presse désorganise ainsi la marine marchande et nuit au commerce maritime. Ce système ne suffit d'ailleurs pas à procurer des effectifs à la hauteur des ambitions maritimes de Colbert. Pour remédier à ces carences et à ces injustices, Colbert imagine le système des classes. Tous les hommes vivant de la mer doivent obligatoirement se présenter près de leur domicile devant des commissaires des classes, assistés d'officiers des classes, qui les inscrivent sur des registres et établissent ainsi une liste générale des gens de mer aptes à servir dans la marine royale. Ces marins demeurent toute leur vie à la disposition de l'État. Selon les régions, ils sont répartis en trois, quatre ou cinq classes. Les classes sont levées successivement et servent pendant un an sur les vaisseaux royaux tous les trois, quatre ou cinq ans. Les marins naviguent ainsi alternativement sur la flotte royale et sur la flotte marchande. Colbert expérimente le système des classes en Aunis, Poitou et Saintonge, en 1665, puis l'étend, en 1668, à d'autres provinces. En 1673, il est appliqué à l'ensemble du littoral que l'on divise en départements pour la circonstance. Afin de ne pas léser les habitants des provinces maritimes par rapport à ceux de l'intérieur, des avantages considérables sont accordés aux marins. Ils bénéficient ainsi d'une pension de retraite égale à la moitié de leur solde. En 1784, une ordonnance donnera le droit aux marins de se soustraire à l'appel à condition de renoncer à leur profession et fixera l'âge limite de l'appel à 60 ans. Le système réussit plus ou moins bien selon les régions. Beaucoup de marins préféraient en effet solliciter le hasard plutôt que de subir une discipline commune à tous. Les désertions sont d'autant plus nombreuses que la longueur des guerres oblige parfois à prolonger la durée du service actif. En 1784, on substitue la levée individuelle à la levée par classes entières, qui continue à nuire à la marine marchande. La Révolution maintiendra et perfectionnera le système des classes, qui prendra le nom d'«inscription maritime» par une loi du 3 brumaire an IV.
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