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Les diligences

Avant l'abolition des distances

D'innombrables gravures ont immortalisé la silhouette des diligences. Formées de trois compartiments fermés distincts, le coupé, l'intérieur, la rotonde, et d'un étage supérieur, l'impériale ou galerie, ces monumentales voitures peuvent transporter de seize à vingt voyageurs, postillons et conducteur non compris. Les diligences ne doivent pas rouler au galop afin de ne pas abîmer les routes. Elles sont moins rapides que les légères malles-poste de l'administration, qui, elles, roulent au galop, jouissent d'une priorité absolue sur les autres véhicules et ne transportent que quatre voyageurs au maximum. Les trajets demeurent bien longs. La diligence doit s'arrêter pour permettre aux voyageurs de prendre quelque repos et de se restaurer.

Des progrès sensibles sont cependant accomplis: en 1848, il ne faut plus que 60 heures, pour se rendre de Paris à Bordeaux, contre 120 en 1814. Aux mêmes dates, la durée du voyage Paris Strasbourg s'abaisse de 100 à 49 heures.

Bien moins onéreux que ceux des malles-poste, les tarifs des diligences demeurent élevés en dépit d'une tendance à la baisse due à la concurrence entre compagnies. Le voyage Paris-Bordeaux coûte 74 francs, en 1840, au lieu de 108 francs, en 1806. Au même moment, Paris-Strasbourg revient à 49 francs contre 100 francs, en 1806. Cela représente encore plus d'un mois du salaire d'un petit employé ou d'un ouvrier. A ces tarifs, il faut ajouter les frais d'hébergement à chaque étape. La diligence demeure réservée aux gens aisés, même si l'on voyage à la place la moins chère, assis sur l'impériale, à côté du cocher.

Les services de diligences sont organisés par les compagnies de Messageries. Le monopole des Messageries royales ayant été aboli en 1817, d'autres sociétés sont nées. La plus puissante de ces nouvelles venues est la Compagnie des Messageries générales, créée par la fusion des Messageries Laffitte avec les Messageries Caillaud. Messageries royales et Messageries générales se sont livrées tout d'abord une guerre de tarifs avant de parvenir à un accord. Avec 500 voitures, elles se partagent le tiers de tout le trafic, le reste appartenant à 4600 petites entreprises qui disposent de 20000 voitures. La conduite des diligences des Messageries royales est un monopole des maîtres de poste.

Le développement des chemins de fer sonne le glas des diligences, plus lentes et beaucoup plus chères. Elles subsisteront encore quelque temps là où le train n'arrive pas; certaines compagnies ferroviaires organiseront même des services de diligences complémentaires à leur réseau. Avec les diligences disparaît également le charme des relais pittoresques et variés, le chemin de fer visant uniquement à relier rapidement un point à un autre. Avec l'automobile, le touriste retrouvera les plaisirs du «chemin des écoliers».